lundi 28 septembre 2009

LE CHEMIN


(Article extrait du Trésor spirituel de Saint Tikhon de Zadonsk)


Chrétiens ! Notre vie est comme un chemin, qui relie un village à un autre, une ville à une autre. Notre vie est un chemin que nous suivons en permanence. Que nous dormions ou que nous veillions, nous le suivons toujours. Nous l’empruntons à notre naissance et nous le quittons à notre mort. Pour certains, ce chemin est très long, pour d’autres il est très court, mais quoi qu’il en soit, sa fin n’est connue de personne. Nous ne savons pas quand nous atteindrons le terme de notre route. Ainsi en a décidé le Seigneur qui pourvoit à tout, afin que nous soyons toujours dans l’attente de la fin, et que nous nous y préparions.


Certains chemins sont larges et spacieux, d’autres étroits et resserrés. Il en va de même du chemin de notre vie. Mais examinons ce que sont ces chemins, spacieux ou étroit, et nous comprendrons vers quel terme l’un et l’autre conduit.


Sur le chemin spacieux se trouve l’incroyance, sur le chemin étroit se trouve la foi vivante. Sur le chemin spacieux l’absence de crainte, sur le chemin étroit la crainte de Dieu. Sur le chemin spacieux la volonté propre et la désobéissance, sur le chemin étroit la soumission et l’obéissance. Sur le chemin spacieux l’amour de soi sans limite, sur le chemin étroit l’amour de Dieu et du frère. Sur le chemin spacieux l’amour des vanités du monde, sur le chemin étroit la fuite de ces vanités. Sur le chemin spacieux la recherche des honneurs, de la gloire et des richesses, sur le chemin étroit le mépris de toutes ces choses. Sur le chemin spacieux le luxe et la concupiscence, sur le chemin étroit la tempérance, le jeûne, et l’abstinence. Sur le chemin spacieux l’orgueil et le faste, sur le chemin étroit l’humilité. Sur le chemin spacieux les péchés et les iniquités, sur le chemin étroit les vertus. Sur le chemin spacieux la dépravation, l’adultère et toutes les impuretés, sur le chemin étroit l’innocence et la pureté. Sur le chemin spacieux l’ivrognerie et l’indécence, sur le chemin étroit la sobriété et la décence. Sur le chemin spacieux le vol, le rapt, le pillage, la violence et toutes les injustices, sur le chemin étroit l’éloignement de tout cela et l’accomplissement de la justice. Sur le chemin spacieux la colère, la fureur, la rancune, la vengeance en actes et en paroles, sur le chemin étroit le mépris de la vengeance, la douceur et la patience. Sur le chemin spacieux la dureté, la férocité et la cruauté, sur le chemin étroit la miséricorde et la compassion. Sur le chemin spacieux la calomnie, le mépris, le jugement et les outrages infligés au prochain, sur le chemin étroit l’abstention de tout cela et un silence raisonnable. Sur le chemin spacieux le mensonge, la malignité, la ruse et l’hypocrisie, sur le chemin étroit la candeur et des paroles qui correspondent aux pensées. Sur le chemin spacieux les paroles, les actes et les pensées contraires à la volonté de Dieu, sur le chemin étroit le repentir sincère et ses fruits, les bonnes actions.


Tu vois donc, chrétien, comment sont les chemins de nos vies ! Le chemin spacieux, contraire à Dieu, Lui est désagréable. Le chemin étroit en revanche, Lui est agréable, car il s’accorde à Sa sainte volonté. Le chemin spacieux conduit l’homme à la perdition, tandis que le chemin étroit le conduit à la vie.


Satan attire et conduit chacun d’entre nous vers le chemin spacieux, mais le Christ Sauveur, qui a souffert et est mort pour chacun d’entre nous, nous rappelle sur le chemin étroit. Réfléchis ! Qui faut-il écouter, le Christ, ou Satan ? Quel chemin faut-il suivre ? le chemin spacieux qui mène à la perdition, ou le chemin étroit qui conduit à la vie ? Le Christ notre Seigneur veut te conduire à la vie éternelle, Lui qui t’aime et t’a libéré. Mais Satan, ton ennemi, veut te conduire avec lui à la perdition. Ecoute les paroles de ton Sauveur, qui méritent l’attention, retiens-les dans ton coeur, et instruis-toi auprès d’elles ! Sois attentif à toi-même, ainsi qu’à ce qu’elles disent : Entrez par la porte étroite. Large, en effet, et spacieux est le chemin qui mène à la perdition, et il y en est beaucoup qui s’y engagent ; mais étroite est la porte et resserré le chemin qui mène à la Vie, et il en est peu qui le trouvent. (Mt.7,13-14) Et le Saint Apôtre ajoute à cela : Il nous faut passer par bien des tribulations pour entrer dans le Royaume des Cieux. (Act.14,22) Conduis-moi, Seigneur, dans Ta voie, et je marcherai dans Ta vérité ; que mon coeur trouve sa joie à craindre Ton Nom. (Ps.85,11) Et qu’enseigne à son tour le Psaume 118 ? Il nous enseigne comment prier, afin que le Seigneur nous enseigne Lui-même Sa voie, nous y maintienne, et nous conduise toujours sur elle.

lundi 14 septembre 2009

L’ICÔNE DE LA MÈRE DE DIEU "DE JERUSALEM"






D’après une pieuse tradition, le prototype de l’icône de la Mère de Dieu de Jérusalem a été peint par le Saint Apôtre Luc à Gethsémani quinze ans après l’Ascension de Notre Seigneur Jésus-Christ.

L’empereur Léon le Grand fit transporter l’icône à Constantinople, afin de l’installer dans l’église consacrée à la Mère de Dieu de la Source. Plus tard, au temps de l’empereur Héraclius, Constantinople fut attaquée par les Scythes, et le salut de la ville fut obtenu par les prières du peuple grec devant l’icône de la Mère de Dieu de Jérusalem. Après cette manifestation miraculeuse de la miséricorde de la Reine des Cieux, le pieux empereur ordonna que la sainte icône fût transportée dans l’église des Blachernes, où elle demeura près de trois cents ans.

Au début du Xème siècle, les russes firent campagne contre Constantinople et emportèrent l’icône de la Mère de Dieu de Jérusalem à Cherson. Par la suite, après son baptême dans cette même ville, le prince Vladimir emporta l’icône à Kiev. Plus tard, les habitants de Novgorod reçurent la foi chrétienne, et le grand prince leur envoya l’icône comme bénédiction. Elle résida plus de quatre cents ans dans la cathédrale Sainte-Sophie.

Au milieu du seizième siècle, Novgorod tomba entre les mains du tsar Ivan le Terrible qui fit transporter l’icône de Jérusalem à Moscou, où elle fut déposée dans la cathédrale de la Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu.

Lors de l’invasion des français en 1812, l’icône fut volée et emportée à Paris. On suppose qu’elle se trouve aujourd’hui à la cathédrale Notre-Dame.

La copie de Moscou

On garde à Moscou, dans la cathédrale de la Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu, une copie de l’icône de Jérusalem qui provient de l’église de la Nativité de la Mère de Dieu yf ctyzx. Sur les côtés de cette copie sont représentés les Saints Apôtres Pierre, Paul, Luc, Simon, Philippe, Mathieu, Marc, Jacques, Thomas et Barthélémy, ainsi que les saints martyrs Procope, Georges et Mercure.

La copie de Constantinople

Une autre copie de l’icône de Jérusalem fut transportée de Jérusalem à la cathédrale Sainte-Sophie de Constantinople, où elle demeura du XIIème au XVème siècle. Selon certaines sources, une église consacrée à cette icône existait dans la ville aux XIème et XIIème siècles.

La copie de Krivoezerskaïa Poustynia,

dans le gouvernement de Kostroma

Le monastère Krivoezersk fut fondé en 1644, au temps du patriarche Joseph. Il fit parler de lui en 1709 et dans les années qui suivirent, quand fut peinte l’icône miraculeuse de la Mère de Dieu de Jérusalem. Cette icône resta dans le monastère par la suite.

En cette année 1709, plusieurs amateurs de solitude et d’exploits ascétiques vinrent s’établir au monastère, et parmi eux Cyrille Oulanov, iconographe du tsar, qui y fut tonsuré sous le nom de Corneille. Avant son arrivée, le père Corneille avait déjà le désir de faire une copie de l’icône miraculeuse de Jérusalem de la cathédrale de la Dormition de la Mère de Dieu à Moscou. Aussi se mit-il tout de suite au travail. Ecoutons le récit de l’higoumène Léonce :

« Comme je vivais à Pérerva, village situé dans un méandre de la Moscova, dans le monastère consacré à la Dormition de la Toute-Sainte Mère de Dieu et à Saint Nicolas, la pensée me vint de procurer une perle de grand prix, un riche trésor au monastère de Krivoezersky, situé près de Iourevets-Polosk : je désirais convaincre un bon iconographe de réaliser à Moscou une copie de la très glorieuse et miraculeuse icône de Jérusalem de notre Tout-Puissant Intercesseur, la Protectrice des chrétiens, la Toute-Pure Souveraine, la Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie. J’étais poursuivi par ce désir tenace qui malmenait mon âme, et je me rendais fréquemment à la cathédrale de la Dormition de la Mère de Dieu pour vénérer avec componction l’icône miraculeuse. J’élevais vers notre Toute-Pure et miséricordieuse Protectrice des prières ardentes afin qu’Elle eût pitié de nous et qu’Elle voulût bien donner à Son monastère de Krivoezersk la même image divine que celle de la cathédrale de Moscou, par le moyen qu’Elle et son Fils choisiraient.

Je ne sais comment cela se fit, mais un an plus tard, sans doute par la volonté de Dieu et de Sa Mère, j’avais totalement oublié ce désir, et sa pensée n’effleurait même plus mon esprit.

En 1709, je vivais toujours au monastère Saint-Nicolas de Pérerva. Un beau jour, j’entendis des habitants de Iourevets raconter qu’un certain Cyrille Oulanov, originaire de Moscou et pieux iconographe du tsar, venait d’être tonsuré au monastère Krivoezersky sous le nom de Corneille. On disait qu’il avait peint une icône de Jérusalem de notre Toute-Sainte Souveraine, la Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie pour la cathédrale du monastère, dédiée à la Sainte et Vivifiante Trinité. L’icône, de dimensions légèrement moindres que celle de Moscou, était, disait-on, très belle, et tout à fait étonnante. En entendant ce récit, je m’étonnai de la miséricorde de Dieu et de la bienveillance de la Reine des Cieux. Je me remémorai mon désir passé de voir peinte une copie de l’icône de Moscou pour le monastère Krivoezersky. Dans une joie ineffable, je me précipitai à Moscou pour vénérer l’icône de la cathédrale de la Dormition de la Mère de Dieu, et rendre grâce à la Protectrice des chrétiens et à son Fils notre Dieu. Dieu avait manifesté Sa bienveillance à l’égard du monastère de Krivoezersk ! Plus tard, j’entendis que le père Corneille avait quitté le monastère de Krivoezersk peu de temps après avoir peint l’icône ! Tout s’était donc passé comme s’il avait été envoyé dans ce monastère uniquement pour accomplir cette oeuvre ! Ce fut pour moi une nouvelle occasion de glorifier Dieu et notre Très Sainte Souveraine.

Il faut dire qu’à cette époque, je n’avais nullement l’intention de m’établir au Désert de Krivoezersk. Je ne caressais d’ailleurs pas plus l’espoir de voir la divine icône qui venait d’y être peinte. Je me disais seulement à moi-même : Gloire à Dieu et à Sa Mère ! Par la providence divine, un trésor a été offert à ce monastère !

En 1711, il advint que la volonté de Dieu et la demande des moines du monastère me placèrent au poste d’higoumène de Krivoezersk. A peine arrivé de Moscou, j’entrai dans l’église pour voir ce divin trésor que j’avais tant désiré, cette gloire et cette joie des chrétiens, l’icône de Jérusalem de notre Souveraine et Mère de Dieu. Comme mon âme se réjouit alors d’avoir été digne de la voir et de la vénérer !

L’icône fut solennellement bénie cette année-là, le 20 août, peu après la Dormition, et une fête spéciale fut instaurée en son honneur. L’higoumène et toute sa communauté promirent à Dieu de renouveler cette vénération solennelle chaque année, en souvenir du don de Dieu. On souhaitait ainsi rendre grâce à notre Dieu glorifié dans la Trinité et à Sa Mère miséricordieuse pour l’attribution au monastère de cette perle sans prix, et pour l’élan inconcevable de leur bienveillance.

Il n’est pas inutile de dire ici deux mots sur le moine Corneille. A peine tonsuré, il se mit très vite à peindre l’icône de notre Souveraine, la Mère de Dieu et Toujours-Vierge Marie, portant dans ses bras divins son Enfant, son Fils et son Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ. Comme il convient aux moines nouvellement tonsurés, il vivait dans la piété, la crainte, et la tempérance, respectant la tradition des Saints Pères qui commande de jeûner pendant quarante jours. Par l’intercession de la Toute-Pure Mère de Dieu, Dieu lui accorda une telle componction que ses larmes coulaient en permanence tandis qu’il peignait les traits doux et divins de la Reine des Cieux et de son Fils, le Très-Doux Jésus. Il s’abstenait de toute conversation pendant son travail, et priait constamment notre Protectrice d’avoir pitié de lui, afin que son oeuvre le conduisît avec tout le monastère à la joie et au salut. Cette componction animait toutes ses prières, de jour comme de nuit. Avec l’aide de Dieu et de Sa Mère Toute-Pure, il termina la divine icône. Le résultat fut si beau, si inattendu, qu’il en fut surpris et saisi de crainte. Il glorifia Dieu et Sa Mère Toute-Pure pour leur miséricorde. Avant même la fin de la période de quarante jours suivant la tonsure, les hiéromoines du monastère purent venir chercher l’icône achevée dans sa cellule, et la porter joyeusement à l’église. Aujourd’hui encore, lorsqu’il pense au temps où il peignit cette icône, son âme se remplit de mansuétude et de joie.

Il faut donc croire que cette icône miraculeuse de la Toute-Sainte Mère de Dieu de Jérusalem a été peinte par un effet tout particulier de la providence de Dieu et de Sa Mère Toute-Sainte ».

A partir de 1711, à la suite d’une demande des habitants de la région qui la vénéraient beaucoup, on prit l’habitude d’amener l’icône dans les églises paroissiales et chez les habitants pour des offices d’actions de grâce. Cette coutume fut confirmée en 1720 par Monseigneur Pitirim, archevêque de Nijni-Novgorod.

La première glorification attestée de la sainte icône eut lieu en 1781. Le 22 décembre de cette année-là, un grand incendie éclata au monastère. Il gagna rapidement tous les édifices, en particulier l’église en bois de Saint Nicolas et son clocher. Puis il atteignit l’église en pierre dédiée à la Sainte Trinité et son clocher, sous les yeux des frères impuissants à maîtriser les éléments déchaînés. C’était avec horreur qu’ils regardaient des morceaux de l’église s’embraser et partir en fumée. L’incendie gagnait tout l’édifice, exposant la sainte icône à une inévitable destruction. Pourtant, bien que le feu eût pénétré à l’intérieur, l’église resta entière. Les icônes furent endommagées et couvertes de suie, les peintures boursouflées, mais l’icône de Jérusalem fut épargnée, demeurant aussi lumineuse, claire et propre qu’auparavant. On put seulement observer sur le poignet de la main gauche de la Toute-Pure la cloque d’une brûlure, qui s’atténua avec le temps tout en restant visible, comme pour attester que la main avait souffert.

Le 4 juillet 1859, à onze heures, un incendie se déclara chez un habitant de Iourevets-Polosk, dénommé Alexandre Lougovsky, à cause de l’imprudence d’un ouvrier. Comme un vent fort soufflait à ce moment-là, le feu se propagea sur les demeures environnantes, et quatorze propriétaires perdirent leur maison et leurs biens. Il semblait inévitable que l’incendie gagnerait les autres maisons et les trois églises proches, car le vent attisait le feu et projetait des étincelles au loin. Les toits de certains bâtiments commençaient d’ailleurs à prendre feu.

Mais voici que le Seigneur Dieu voulut bien manifester Sa miséricorde aux pécheurs. Il se trouvait qu’en ce temps-là la cathédrale de la ville accueillait la précieuse icône de la Mère de Dieu de Jérusalem du monastère de Krivoezersk. Les habitants de Iourevets avaient en effet réclamé la sainte et très vénérable icône pour une procession autour de la ville. Tous les moyens déployés contre l’incendie s’avérant inefficaces, les habitants demandèrent au recteur de la cathédrale de bien vouloir conduire l’icône sur les lieux. Comme on l’apportait avec tous les honneurs qui lui sont dus, le vent tourna du nord-est au nord-ouest et les étincelles cessèrent de pleuvoir sur la ville. Le feu semblant s’apaiser, on rapporta l’icône à la cathédrale. Cependant, à la surprise générale, le vent se remit à souffler du nord-ouest, l’incendie reprit de plus belle, et les étincelles menacèrent de nouveau la ville. Les habitants, mesurant à ce miracle la protection et l’intercession de la Mère de Dieu, firent revenir la sainte icône. Le vent tourna de nouveau. Cette fois, on garda l’icône sur les lieux jusqu’à ce que le feu fût complètement éteint. Les habitants de la ville, tous témoins du miracle, insistèrent pour que celui-ci fût publié, comme témoignage pour les générations à venir.

L’intercession de la Mère de Dieu ne se limitait pas aux incendies. Elle s’imposa également au cours des épidémies de choléra qui tombèrent sur Krivoezersk et ses environs en 1848 et 1853. Partout où on portait la sainte icône, la contagion cessait, ou bien les effets mortels disparaissaient. Il en allait de même dans les cas d’épizootie, tant au monastère que dans les villages des environs. Il y eut aussi des cas de guérisons de malades, notamment de deux jeunes filles qui participaient à des processions avec l’icône miraculeuse.

La copie du monastère russe

Saint-Pantéléimon, au Mont Athos

Cette sainte icône repose dans un cadre recouvert de verre, situé au-dessus des portes royales de la cathédrale de l’Intercession de la Toute-Sainte Mère de Dieu. On a coutume de la faire descendre à certaines occasions avec le large ruban de velours brodé à son tropaire sur lequel elle est suspendue, pour l’offrir à la vénération. Elle fut peinte en 1825 au monastère Krivoezersky par le hiérodiacre Nikon (Nil dans le grand habit), qui l’envoya en cadeau au monastère Saint-Pantéléimon en 1850.

Sur cette icône, la Toute-Sainte Vierge tient l’Enfant-Dieu, notre Seigneur Jésus-Christ, sur Son bras droit, contemplant Celui qui repose sur elle comme sur un trône de gloire. Le Seigneur bénit de Sa main droite, les doigts repliés formant les lettres IC. Sa main gauche tient un rouleau. Sur les bords de l’icône sont représentés Saint Joachim et Sainte Anne, les parents de la Sainte Vierge Marie. Au verso, on peut trouver une inscription disant que l’icône a été peinte par le hiéromoine Nikon du monastère Saint-Nil-de-la-Sora, qui a voulu, à la suite d’une incitation particulière de la providence, témoigner de son zèle pour le monastère russe du grand martyr et anargyre Pantéléimon, et pour la bienveillance de Dieu et de la Toute-Sainte Mère de Dieu.

Dès que l’icône parvint au monastère, on envoya une lettre au hiéromoine Nikon pour lui demander d’expliquer, si possible, quelle avait été cette incitation particulière. Par la lettre du 12 décembre 1852, Père Nikon raconte que trente ans auparavant, alors qu’il était encore hiérodiacre et vivait dans le désert de Krivoezersk, il avait été impressionné par les miracles de l’icône du monastère. Il décida d’en peindre une copie conforme, excepté en ce qui concerne les dimensions. Lors de la bénédiction de l’icône, il y eut un signe, une prophétie qui s’accomplit clairement, et par la suite, d’autres manifestations de la grâce. Plus tard, il partit, selon la volonté de Dieu, s’installer au monastère Saint-Nil, alors presque déserté. L’icône ne le quittait jamais. Elle lui servait de baume pour l’âme et pour le coeur dans les tribulations. La grâce de l’icône guérissait les maladies, protégeait du feu... Il n’avait jamais eu l’intention de s’en séparer, mais la providence de Dieu et de Sa Mère Toute-Sainte en avait décidé autrement. Il priait les pères du monastère Saint-Pantéléimon de le croire, et de ne pas douter que l’icône leur avait bien été envoyée par Dieu et par la bienveillance de la Reine des Cieux. Il demandait aussi qu’on n’exigeât pas de lui plus de détails. Toutefois, afin qu’ils ne se sentent pas offensés, il ajoutait à la fin de sa lettre le récit d’un songe qu’il avait eu deux mois avant l’envoi de l’icône : « Il me semblait voir la Sainte Montagne de l’Athos. Je commençais à en gravir les pentes, accompagné d’une personne qui me servait de guide et prétendait s’être déjà rendue au Mont Athos. Nous nous approchâmes d’un escarpement rocheux ; il n’est pas de mot pour dire combien il était difficile d’en faire l’ascension. Mon compagnon grimpait avec facilité, et moi, avec crainte et force peine. Nous parvînmes toutefois jusqu’en un certain lieu où mon guide devint invisible. J’ai dans l’idée que ce guide n’était autre que mon ancien, Saint Nil de la Sora. Il me paraissait tout à fait impossible de continuer à grimper sur ces rochers. La crainte me gagna. Je poursuivis quand même et parvins sur un promontoire où se tenait une église. Mon âme et mon coeur s’emplirent de joie, de révérence et de crainte : j’aperçus près de l’entrée de l’église une Femme extraordinairement belle, vêtue d’habits blancs comme la neige. Son regard était amical et tendre. Elle dit, en me voyant : ‘Heureusement, tu es venu vite !’ Puis Elle me donna sur une cuillère un liquide blanc comme le lait, au goût ineffablement doux. « Prends, tu en as besoin, tu es fatigué » Cette Femme divine prononça ensuite des paroles indicibles et m’ordonna d’envoyer ma sainte icône au monastère russe du Mont Athos. Après l’envoi de l’icône, tout ce que la Souveraine m’avait promis s’accomplit : le skite du monastère Saint-Nil-de-la-Sora fut déclaré indépendant, l’église dédiée à Saint Jean le Précurseur sur le lieu où avait vécu Saint Nil fut enfin consacrée après dix ans d’attente, mon désir de recevoir le grand habit et de demeurer près de la dite église dans la cellule de Saint Nil fut comblé, et bien d’autres choses encore ». La lettre se termine par ces mots : « Gloire, grandeur et honneur à la Toujours-Vierge Marie, Mère de Dieu ! »

Lors des vigiles des fêtes de la Mère de Dieu, on descend la très sainte icône avec honneur et on célèbre un acathiste devant elle, à la fin duquel l’higoumène et tous les frères la vénèrent, s’inclinent jusqu’à terre et demandent à la Mère de Dieu son aide et son intercession devant son Fils et notre Dieu.

On fête la sainte icône le 12 octobre.

vendredi 4 septembre 2009

L'ENTREE DU CHRIST AU TEMPLE




HOMÉLIE SUR LA SAINTE RENCONTE DU SEIGNEUR ET SUR LA PURIFICATION DE LA TOUTE-PURE VIERGE ET MÈRE DE DIEU

(Saint Dimitri de Rostov)

Quarante jours s’étant écoulés après la Nativité de notre Seigneur Jésus-Christ, le temps de la purification imposé par la Loi fut révolu, et la Vierge-Mère, toute-pure et toute-bénie, quitta Bethléem avec Saint Joseph son fiancé, portant dans ses bras le Christ. Elle fit route pour Jérusalem, afin d’accomplir deux ordonnances du Seigneur : obtenir, par les prières du prêtre et l’offrande d’un sacrifice à Dieu, la purification consécutive à l’enfantement, et consacrer son petit Enfant premier-né au Seigneur en versant la somme dictée par Dieu à Moïse.

En effet, comme le prescrit la Loi pour la purification de la mère, lorsqu’une femme sera enceinte et enfantera un mâle, elle sera impure pendant sept jours. Le huitième jour, l’enfant sera circoncis. Elle restera encore trente trois jours à se purifier de son sang. Pendant ce temps, elle ne touchera aucune chose sainte et n’entrera pas dans le sanctuaire, jusqu’à ce que les jours de sa purification soient accomplis. Lorsque les jours de sa purification seront accomplis, elle offrira un agneau en holocauste, et un jeune pigeon ou une tourterelle pour le sacrifice d’expiation. Si elle n’a pas de quoi se procurer un agneau, elle prendra deux tourterelles ou deux jeunes pigeons, un pour l’holocauste, l’autre pour le sacrifice d’expiation. Le prêtre priera pour elle et elle sera pure.

Sur la présentation de l’enfant premier-né au Seigneur, il est dit : Consacre-Moi tout mâle premier-né (...) Tu Me donneras le premier de tes fils. Ce don fut prescrit aux Israélites en remerciement d’un grand bienfait reçu en Egypte, où Dieu fit périr les premiers-nés des égyptiens, mais fit grâce aux premiers-nés d’Israël. Depuis cette époque, les Israélites conduisaient leur fils premier-né au temple pour le consacrer à Dieu comme tribut légal, et le Lui rachetaient contre un montant fixé, appelé argent du rachat. Cet argent revenait aux lévites qui officiaient au temple du Seigneur. Selon une coutume instaurée dans le quatrième livre de Moïse, l’argent du rachat se montait à cinq sicles du sanctuaire, à vingt guéras le sicle (Nb.3,47).

Ainsi, la Mère de Dieu se rendit au temple pour se soumettre à la Loi du Seigneur, portant dans ses bras le Législateur Lui-même. Immaculée, sans souillure, incorruptible, et toute-pure, elle venait demander la purification, bien qu’elle n’en eût aucunement besoin. Comment celle qui avait conçu sans volupté et sans le concours d’un époux, qui avait enfanté sans souffrance, qui avait conservé intacte la pureté virginale sans subir la souillure des femmes en couches, qui avait donné naissance à la Source de toute pureté, aurait-elle pu être impure ? D’elle naquit le Christ ! Le fruit n’est pas gâté par l’arbre, l’arbre n’est pas souillé par le fruit : la Vierge sainte resta pure et immaculée après la naissance du Christ, son Fruit béni. Il la traversa comme le rayon de soleil pénètre le cristal, sans la briser ni la ternir. Bien plus, Il rehaussa sa pureté. Le Soleil de justice ne porta pas atteinte à la virginité de Sa Mère toute-pure. L’habituel épanchement de sang ne souilla pas la Porte scellée, marquée du sceau de la pureté. Dépassant la loi naturelle, le Seigneur franchit cette Porte, que gardait la virginité, et en accrut la pureté en la sanctifiant par Son passage, en l’inondant de la lumière divine de la grâce.

Le Dieu-Verbe ayant été enfanté sans corruption, aucune purification n’était nécessaire. Toutefois, celle qui est éternellement pure et sans tache vint la demander, afin de se montrer en toute chose obéissante à la Loi. L’humilité ne souffre pas de s’enorgueillir de sa pureté incorruptible. C’est donc comme une impure que la Toute-Sainte voulut se tenir à l’endroit réservé aux nouvelles mères, devant les portes du temple du Seigneur. Elle attendit là, sans montrer le moindre dédain à l’égard des impures, ou des pécheresses.

Elle offrit le sacrifice, non pas comme les riches, avec un agneau d’un an, mais comme les pauvres, avec une tourterelle ou deux jeunes pigeons, montrant là aussi, comme partout ailleurs, humilité et amour de la pauvreté. Elle repoussa l’orgueil de la richesse, gratifiant les pauvres et les malheureux de l’or des rois mages, n’en gardant que la moindre part pour son voyage en Egypte.

Ayant offert le couple d’oiseaux, elle présenta son Fils premier-né au Seigneur, remettant à Dieu ce qui est à Dieu, selon la Loi. S’agenouillant devant le Créateur, elle Lui tendit l’Enfant avec grand respect : « Voici Ton Fils, ô Père Eternel, voici Celui que Tu as dépêché ici-bas afin qu’Il s’incarne de moi pour le salut des hommes ! Voici Celui que Tu as engendré sans mère avant les siècles, Celui que par Ta bienveillance, j’ai enfanté sans père à la fin des temps ! Voici le Premier-Né de mes entrailles, le Fils conçu en moi par Ton Esprit Saint, et sorti de moi ineffablement, comme Toi seul le sais ! Voici mon Premier-Né, voici Celui qui T’est consubstantiel, et qui, sans commencement, ne revient qu’à Toi seul, puisqu’Il est venu de Toi sans quitter Sa divinité ! Reçois ce Premier-né avec qui Tu créas les siècles et fis la lumière ! Reçois Ton Verbe, incarné de moi, avec qui Tu affermis les cieux, fondas la terre, et rassemblas les eaux ! Reçois de moi Ton Fils en vue du dessein essentiel que Tu as organisé pour Lui et pour moi comme Tu le sais, pour racheter par Sa chair et Son sang le genre humain! ».

Ayant prononcé ces paroles, la Vierge-Mère déposa son Enfant bien aimé dans les bras du grand prêtre, le représentant de Dieu, comme entre les mains de Dieu Lui-même. Puis elle Le racheta pour le prix mentionné plus haut ; cinq sicles préfigurant les cinq plaies que le Christ subit sur la Croix pour racheter le monde entier de la malédiction de la Loi et de l’oeuvre de l’ennemi.

Selon Saint Grégoire de Nysse, Saint Cyrille d’Alexandrie et Saint André de Crète, le Saint Prophète Zacharie, père du Précurseur, voyant la Vierge toute-pure s’avancer avec l’Enfant du côté des femmes impures pour la purification, la plaça parmi les vierges, là où nulle épouse ne doit se tenir. Les scribes et les pharisiens s’indignèrent aussitôt, mais Zacharie résista, faisant savoir que cette Mère, en dépit de l’enfantement, était toujours vierge et pure. Devant leur scepticisme, il rappela que si toute créature est soumise à la loi de la nature, elle l’est davantage encore au Créateur de cette loi, à qui il revient d’organiser Sa création par Ses mains puissantes, et de faire en sorte, si bon Lui semble, qu’une vierge enfante et demeure vierge après l’enfantement. C’est pourquoi, conclut-il, il n’avait pas exclu la Mère toute-sainte du rang des vierges, elle, la Vierge par excellence.

Sur les entrefaites, voici qu’entra dans le temple, poussé par l’Esprit Saint, Saint Syméon, vieillard juste et pieux, qui attendait la consolation d’Israël en la personne du Messie. Connaissant la prophétie du patriarche Jacob, il savait que le Christ s’approchait, puisque le sceptre de Juda était passé entre les mains d’Hérode. En effet Jacob avait prophétisé que le sceptre ne s’éloignerait pas de Juda que ne vienne la consolation d’Israël, le Christ Seigneur. De surcroît, voici qu’avaient pris fin les soixante-dix semaines de Daniel, annonçant la venue du Messie. L’Esprit Saint avait promis à Syméon qu’il ne goûterait pas la mort avant d’avoir vu le Christ du Seigneur. Et, de fait, quand le vieillard remarqua la Vierge toute-pure, et l’Enfant dans ses bras, quand il perçut la grâce de Dieu qui les entourait tous deux, l’Esprit Saint lui révéla qu’il avait devant lui le Messie attendu. Aussi s’approcha-t-il avec empressement pour Le prendre dans ses bras. C’est avec une joie ineffable, avec crainte et révérence, qu’il rendit grâce à Dieu. Puis il chanta, comme le cygne avant la mort, couronné de ses cheveux depuis longtemps blanchis : « Maintenant, Maître, Tu peux laisser Ton serviteur s’en aller en paix selon Ta parole ! Nulle paix n’habitait mes pensées. Chaque jour j’attendais en priant Ta venue. A présent je T’ai vu, et j’ai trouvé la paix. C’est libéré de toute tristesse que je m’en vais porter la joyeuse nouvelle à mes pères. Je m’en vais annoncer Ta venue dans le monde à Adam notre ancêtre, à Abraham, à Moïse, à David, à Isaïe, et aux autres pères, les saints prophètes. Je vais déverser une joie indicible sur ceux qui, jusqu’à aujourd’hui, n’avaient connu que tristesse ! Laisse-moi partir sans tarder, afin qu’ils se réjouissent en Toi, leur Libérateur ! Laisse partir Ton serviteur, qui se languit du repos dans le sein d’Abraham, après ses longues années de labeur ! J’ai vu Ton salut, préparé pour tous les hommes ! Mes yeux ont vu la Lumière destinée à chasser les ténèbres, à éclairer les nations par la révélation de mystères divins encore inconnus. Mes yeux ont vu la Lumière qui a jailli pour la gloire de Ton peuple Israël ! Comme l’a promis en Ton Nom le prophète Isaïe : Je mettrai Mon salut en Sion et Ma gloire sur Israël ! »

En entendant les paroles que le saint et juste vieillard prononçait sur l’Enfant, Joseph le Fiancé et la Vierge Toute-Pure s’émerveillaient. Syméon parlait à l’Enfant comme à un vieillard, il Le priait comme on prie Dieu, qui règne sur la vie et sur la mort, qui peut sans délai laisser partir un vieillard vers l’autre vie, ou bien le retenir encore dans celle-là.

Après son discours, Syméon bénit l’Enfant, puis il glorifia et loua cette Mère tout-immaculée, à qui il avait été donné d’enfanter le Dieu-Homme. Il magnifia aussi Joseph, père adoptif, et digne serviteur d’un tel mystère. Contemplant de ses yeux clairvoyants la Mère Inépousée, c’est à elle, et non à Joseph, qu’il dit encore : « Voici Celui qui est destiné à amener la chute et le relèvement de plusieurs en Israël. La chute de ceux qui ne voudront pas croire Ses paroles, et le relèvement de ceux qui recevront avec amour Sa sainte prédication. La chute des scribes et des pharisiens aveugles de méchanceté, et le relèvement des pécheurs simples et ignorants. Voici Celui qui choisira les insensés pour confondre les sages de ce monde, qui provoquera la chute de la synagogue des juifs de l’Ancienne Alliance, et instituera l’Eglise de la grâce. Voici Celui qui sera un signe de contradiction. On prononcera sur Lui beaucoup de jugements. Les uns Le diront bon, les autres L’accuseront de tromper le peuple. Il sera, comme dit le prophète Jérémie, une cible pour les flèches. On Le suspendra à la Croix, les clous et la lance Le blesseront. Et toi-même, Ô Mère Inépousée, le glaive de la tristesse transpercera ton âme et ton coeur, lorsque tu verras Ton Fils cloué sur la Croix. C’est avec grande douleur du coeur et force sanglots que tu accompagneras à la porte de ce monde Celui que tu enfantas sans souffrance pour le bien de l’humanité ».

Mais voici qu’à ce moment-là se trouvait dans le temple la prophétesse Anne, fille de Phanuel de la tribu d’Aser, veuve avancée en âge. Elle avait vécu seulement sept ans avec son mari depuis sa virginité, et, après son veuvage, elle avait passé tous les jours de sa vie dans le temple à plaire à Dieu, Le servant jour et nuit dans le jeûne et la prière, jusqu'à ses quatre-vingt-quatre ans. Venue elle aussi assister à cette Sainte Rencontre, elle prophétisa sur ce petit Enfant qu’on venait de conduire au temple du Seigneur, s’adressant à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.

Témoins de toutes ces merveilles, les scribes et les pharisiens étaient courroucés. Ils reprochaient à Zacharie d’avoir enfreint la Loi en plaçant une Mère qui venait demander la purification à l’endroit réservé aux vierges. Ils nourrissaient aussi du ressentiment à l’égard de Syméon et Anne pour leur témoignage concernant l’Enfant, si bien qu’ils ne surent pas garder le silence, et allèrent annoncer à Hérode tout ce qui s’était passé au temple. Celui-ci fit aussitôt rechercher ce Christ, cet Enfant divin, pour Le tuer. Mais il lui fut impossible de Le trouver car, sur un ordre d’en haut, un ange apparut en songe à Joseph, qui prit avec lui l’Enfant et la Mère de Dieu, et les conduisit en Egypte, après un détour par leur ville de Nazareth en Galilée. L’Enfant, quant à Lui, croissait et se fortifiait en Esprit et en sagesse, et la grâce de Dieu était sur Lui.

La fête de la Rencontre du Seigneur fut instaurée sous le règne de l’Empereur Justinien. L’événement était célébré auparavant par l’Eglise, mais d’une façon moins solennelle. C’est ce pieux empereur qui ordonna de l’inscrire au rang des grandes fêtes du Seigneur et de la Mère de Dieu. Voici comment ceci advint...

Sous le règne de Justinien, Constantinople et les régions environnantes connurent une épidémie de peste qui dura plusieurs mois. La maladie apparut dans les premiers jours d’octobre. Au début, on recensait quotidiennement entre cinq et dix mille morts. Il était impossible d’ensevelir tous les cadavres, même ceux des gens riches et honorables, puisque les serviteurs aussi mourraient. A Antioche, le châtiment de Dieu fut plus terrible encore. A la peste s’ajouta, pour les péchés des hommes, un terrible tremblement de terre qui abattit les grandes demeures, les hauts édifices, et les nombreuses églises. Une multitude de gens périt sous les décombres. L’évêque de la ville mourut sous les ruines de sa cathédrale. Pompéopolis en Mysie fut également détruite, et tous ses habitants engloutis par la terre. En ces temps terribles de mort et de perdition, un homme agréable à Dieu eut la révélation qu’il convenait de célébrer l’Hypapante, c’est-à-dire la Sainte Rencontre du Seigneur, au rang des autres grandes fêtes du Seigneur et de la Mère de Dieu.

Quand vint le 2 février, jour de la Sainte Rencontre, on célébra des vigiles. Comme on sortait les croix en procession, l’épidémie de peste cessa, et avec elle le tremblement de terre. On loua fort la miséricorde de Dieu et les prières de Sa Mère toute-pure.

Qu’au Christ notre Dieu soient rendues louange et adoration et à Sa Mère, honneur et gratitude, dans les siècles des siècles, amen !