mercredi 15 juillet 2009

RECIT DE L'ENTREE DE LA MERE DE DIEU AU TEMPLE



SAINT TIKHON DE ZADONSK

D’après les écrits des Saints Pères et des auteurs dignes de foi

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Lorsque la toute-pure et toute-bénie Vierge Marie et Mère de Dieu atteignit l’âge de trois ans, ses parents, les justes Joachim et Anne, se souvinrent que du temps de leur stérilité, ils avaient promis à Dieu de Lui consacrer l’enfant qui allait naître. Ils décidèrent donc de réaliser leur promesse et invitèrent tous leurs parents dans leur demeure de Nazareth. Et c’est ainsi que se rassemblèrent les membres de la race royale de Joachim et ceux de la lignée sacerdotale d’Anne, accompagnés d’un choeur de jeunes filles réuni pour l’occasion. On prépara des cierges en grand nombre et la toute-pure Vierge Marie fut revêtue d’ornements royaux.

Mandez les pures jeunes filles juives, avec des cierges allumés (Ps.65, 13&19) dit Joachim par la bouche de Saint Jacques, le premier archevêque de Jérusalem. Et, Saint Germain, Patriarche de Constantinople, d’ajouter au nom de Sainte Anne : je m’acquitterai envers Toi des voeux que ma bouche a prononcé dans ma tribulation et pour cela, voici que je rassemblerai un choeur de jeunes filles avec des cierges, que j’appellerai les prêtres et que je réunirai mes parents, disant : réjouissez-vous tous avec moi, car aujourd’hui, je me réalise comme mère en conduisant ma fille, non pas à un roi terrestre mais à Dieu Lui-même, le Roi Céleste, pour la Lui offrir !

Il convenait de surcroît, comme le fait remarquer Saint Théophylacte de Bulgarie, que la divine enfant fît au temple une entrée digne de sa condition. Il fallait qu’une perle si pure et si limpide fût présentée dans un autre écrin que des haillons de pauvre. Il advint donc qu’elle fut parée d’habits royaux, qui vinrent encore rehausser sa gloire et sa beauté.

Tout ayant été organisé pour une entrée au temple toute de gloire et d’honneur, le cortège se mit en marche pour les trois jours de voyage qui devaient le conduire de Nazareth à Jérusalem.

Parvenu à Jérusalem, il pénétra solennellement dans le temple, avec en son sein le Temple vivant de Dieu, la toute-pure Vierge Marie. En tête se tenait le choeur des jeunes filles aux cierges allumés, comme dit Saint Taraise, archevêque de Jérusalem, à qui Sainte Anne adressa ces mots : allez en tête, vierges porteuses de cierges et précédez-nous, la jeune enfant divine et moi ! Et voici que les saints parents conduisirent avec douceur et dignité la fille que Dieu leur avait accordée, la tenant chacun par une main. La multitude des parents, des voisins et des connaissances suivait avec allégresse, portant aussi des cierges et entourant la Vierge toute-sainte comme les étoiles du ciel entourent la lune lumineuse. Quel étonnement dans Jérusalem !

Mais citons de nouveau Saint Théophylacte : la fille oublie la maison de son père quand elle est conduite au Roi qui désire sa perfection. On la mène au temple, non sans honneur et sans gloire, mais au sein d’un cortège lumineux. Elle quitte glorieusement la maison paternelle, sous les applaudissements des parents, des voisins et de tous ceux qui lui sont unis par les liens de l’amour. Les pères se réjouissent avec Joachim et les mères avec Anne. Le cortège des vierges porteuses de cierges précède la jeune et rayonnante enfant, comme le cercle des étoiles précède la lune. Et tout Jérusalem accourt pour voir cette enfant de trois ans entourée d’une telle gloire et de tant de cierges. Non seulement les citoyens de la Jérusalem terrestre, mais aussi ceux de la Jérusalem céleste, c’est-à-dire les saints anges, affluent pour assister à l’entrée au temple de la toute-glorieuse et toute-pure Vierge Marie. L’Eglise chante d’ailleurs aujourd’hui, à la neuvième ode du canon des matines : Devant l’entrée au temple de la Vierge, les anges s’émerveillent, étonnés de la voir avancer jusqu’au Saint des Saints ! Et c’est merveille en effet de voir uni au choeur terrestre des vierges pures celui des esprits invisibles et incorporels pour participer à l’entrée au sanctuaire de la toute-pure Vierge Marie et entourer sur l’ordre du Seigneur ce Vase élu de Dieu.

Ecoutons Saint Georges de Nicomédie : alors même que ses parents conduisaient la Vierge vers les portes de Temple, les anges l’entouraient et les puissances célestes se réjouissaient. Sans être en mesure de comprendre la force de ce mystère, les anges servirent cette entrée au temple comme de bons serviteurs obéissant aux ordres du Seigneur. Ils s’étonnèrent de voir en cette enfant le vase immaculé des vertus, marqué du sceau de l’éternelle pureté, portant une chair que nulle souillure n’allait atteindre. Ils accomplirent la volonté du Seigneur, exerçant leur diaconie. L’enfant toute-pure fut ainsi dignement conduite au temple du Seigneur, dans l’honneur et dans la gloire, par les hommes et par les anges. Au temps jadis, l’arche d’alliance de l’Ancien Testament, qui contenait la manne, fut conduite dans le temple du Seigneur en toute solennité, devant tout Israël rassemblé. Ce n’était là qu’une préfiguration de l’Arche Vivante, la toute-Sainte Vierge, qui devait porter en elle la Manne véritable, c’est-à-dire le Christ. On comprend pourquoi il fallait pour le moins la participation des hommes et des anges pour la fête d’aujourd’hui, qui glorifie la Vierge toute-bénie appelée à devenir la Mère de Dieu.

Quand autrefois, on mena l’arche d’alliance dans le temple du Seigneur, c’est David, le roi terrestre qui régnait alors sur Israël, qui conduisait le cortège. Mais aujourd’hui, ce n’est plus un roi terrestre qui mène au temple l’Arche vivante, la Vierge immaculée, mais le roi des cieux Lui-même, que nous invoquons chaque jour en disant : « Roi céleste, Paraclet, Esprit de Vérité ! » Et la Sainte Eglise témoigne bien que ce Roi fut le Chef de cette fille de roi quand elle chante : « Sainte et immaculée, elle est introduite en l’Esprit Saint dans le Saint des Saints ».

David voulut jadis qu’on introduisît l’arche au son des hymnes et des instruments innombrables. Les lévites durent pour ce faire préparer les chants, les cithares, les harpes, les cymbales et les psaltérions et annoncer les réjouissances. Mais lors de l’entrée au temple de la Vierge immaculée, ce ne furent pas les chants de la terre et les instruments qui se firent entendre, mais bel et bien les cantiques joyeux des anges qui servaient invisiblement le mystère. De leurs voix célestes, ils clamaient à l’adresse de la jeune fille les paroles du kondakion : « Voici qu’elle apporte la grâce de l’Esprit Divin, voici le Tabernacle des cieux ! » Et pourtant, l’entrée au temple de la Toute-Pure ne se fit pas sans les voix humaines, comme le rapporte Saint Taraise, puisqu’Anne s’adressa aux jeunes vierges qui ouvraient le cortège : « Chantez-lui des louanges, chantez-la au son des harpes, acclamez-la de vos chants spirituels, exaltez-la sur la harpe à dix cordes ! » Et l’Eglise de nous rappeler que « Joachim et Anne se réjouissent en esprit avec le choeur des vierges, chantant le Seigneur et la Mère de Dieu aux accents des psaumes ». Le choeur des vierges entonne les psaumes de David et le canon de la fête lui demande d’ailleurs : « Commencez à chanter, ô vierges, tenant en vos mains les cierges ! »

Comme le rappelle Saint Taraise, les saints et justes parents Joachim et Anne avaient eux-mêmes à la bouche les paroles de leur ancêtre David : « Ecoute, ma fille, regarde et incline l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père, alors le Roi désirera ta beauté, car Il est ton Seigneur, et à Lui convient l’adoration ! » (Ps. 14, 11-12).

Et voici que sortirent à la rencontre de la glorieuse et divine enfant, (selon le récit de Théophylacte), les prêtres qui servaient le temple, accueillant celle qui devait devenir la Mère du Grand Sacrificateur venu des cieux. Et Sainte Anne dit alors, selon Saint Taraise : «Va, ma fille, vers Celui qui t’a donnée à moi ! Va, Arche de Vie, vers le Maître miséricordieux ! Va, Porte de la Vie, vers le Donateur miséricordieux ! Va, Tabernacle du Verbe, vers le temple du Seigneur ! Entre dans le temple, toi la joie et l’allégresse du monde ! »

Quant à Joachim, il s’adressa à son parent Zacharie, ce grand hiérarque et prophète : « Reçois, ô Zacharie, ce Tabernacle pur ! Reçois l’Arche sainte et immaculée ! Reçois, ô prophète, l’encensoir de la braise immatérielle ! Reçois, ô juste, l’encens spirituel ! » Et Anne la juste ajouta, d’après le récit de Saint Germain : « Reçois, ô prophète, ma fille accordée par Dieu ! Reçois-la, fais-la entrer en ce lieu choisi par Dieu pour l’élever au pinacle de la sainteté et n’exige rien d’elle tant que Dieu Lui-même ne l’aura pas appelée à réaliser Son dessein ! »

Saint Jérôme fait remarquer qu’on accédait jadis au temple de Salomon par quinze marches. Les prêtres et les lévites qui se rendaient à leur service y lisaient chacun des quinze psaumes de l’ascension.

Quand les justes ancêtres du Seigneur Joachim et Anne arrivèrent au temple, ils mirent leur enfant immaculée sur la première marche et celle-ci gravit promptement tous les degrés jusqu’au dernier, sans l’aide de personne, fortifiée par l’invisible force de Dieu. Le Seigneur montra en effet Sa puissance sur l’enfant dès son plus jeune âge, laissant ainsi augurer les grâces bien plus grandes qu’Il devait lui prodiguer quand elle atteindrait l’âge adulte. Tous furent surpris de voir une enfant si jeune gravir aussi vite les marches et particulièrement le grand prêtre et prophète Zacharie qui, émerveillé, comprit par une révélation divine ce que l’avenir réservait. Envahi par l’Esprit Saint, il s’exclama, selon le récit de Saint Taraise : « Ô, enfant immaculée, vierge sans péché et belle jeune fille ! Tu es l’ornement des femmes et la parure des jeunes filles ! Tu es bénie parmi les femmes, glorifiée pour ta pureté, marquée du sceau de la virginité ! Tu vas lever la malédiction qui pèse sur Adam ! » Et, s’adressant à sainte Anne, selon le témoignage de Saint Germain : « Ô femme, le fruit de tes entrailles est béni ! Ton sein dépasse tous les autres par l’honneur et par la gloire ! Celle que tu nous as amenée est glorieuse et combien agréable à Dieu ! » Ayant prononcé ces paroles, il prit joyeusement la jeune enfant par la main et la conduisit jusqu’au Saint des Saints en disant : « Viens, aboutissement de ma prophétie, viens, accomplissement des promesses du Seigneur, viens, sceau de la Nouvelle Alliance, viens, manifestation du Conseil Divin, viens, accomplissement du mystère, viens, miroir des prophètes, viens, renouvellement de ce qui est vétuste, viens, lumière de ceux qui sont dans les ténèbres, viens, don nouveau et divin ! Entre avec joie dans le temple de ton Seigneur ! Tu es à présent terrestre et accessible aux hommes, mais bientôt tu seras céleste et inaccessible. La jeune enfant exulta et marcha dans la maison du Seigneur comme dans un palais. Jeune par l’âge, elle était déjà adulte par la grâce de Dieu, elle que Dieu avait élue dès la création du monde.

C’est ainsi que la toute-pure et toute-bénie Vierge Marie pénétra dans le temple du Seigneur. A cette occasion, Zacharie le prêtre fit un acte étrange et jamais vu : il fit pénétrer la jeune enfant dans la partie la plus secrète du temple, derrière le second voile, dans le Saint des Saints, là où se trouvaient jadis l’arche d’alliance entièrement recouverte d’or et les chérubins de gloire couvrant de leur ombre le propitiatoire. Là, aucune femme ne pouvait pénétrer, ni d’ailleurs aucun prêtre, si ce n’est le Grand Prêtre une fois l’an. Et c’est ce lieu qu’il attribua à la Vierge toute-pure comme lieu de prière, alors que les autres vierges qui résidaient au temple jusqu’à l’âge adulte ne pouvaient se tenir qu’entre le sanctuaire et l’autel, selon Saint Cyrille d’Alexandrie et Saint Grégoire de Nysse, à l’endroit même ou Zacharie fut tué par la suite. Aucune des vierges ne pouvait approcher l’autel, car les prêtres le leur avaient formellement interdit. Mais la Vierge toute-pure, au contraire, reçut dès le début l’autorisation de pénétrer derrière le second voile, afin d’y prier à toute heure. Saint Théophylacte rapporte que Zacharie agit ainsi sur un ordre mystérieux de Dieu, alors qu’il était couvert par l’Esprit Saint qui lui fit comprendre que la jeune enfant était le temple de la grâce divine et par là même bien plus digne que lui de se tenir en permanence devant la Face de Dieu. Se souvenant qu’il était dit du tabernacle qu’il devait toujours se trouver dans le Saint des Saints, il comprit qu’il n’était qu’une préfiguration de la jeune enfant. C’est pourquoi, libéré de toute espèce de doute, il osa transgresser la Loi et faire pénétrer la Vierge dans le Saint des Saints. Il reçut la jeune enfant dans ce lieu que ne pouvait visiter aucun homme, même prêtre, excepté le grand prêtre une fois l’an, afin que celle qui devait se sanctifier par sa pureté plus que tout être humain avant même de concevoir le Christ et être affranchie par la présence de Celui-ci dans son sein du fardeau de la Loi imposé à la nature humaine pécheresse, celle en qui agissait non pas la Loi mais la perfection de la grâce, n’aie pas à travailler comme les autres vierges puisqu’elle était plus élevée que les anges.

Saint Jérôme rapporte que Joachim et Anne, les justes parents de la Mère de Dieu, n’offrirent pas seulement leur fille toute-bénie au Seigneur, mais également des dons, des sacrifices, et des holocaustes. Une fois bénis par le prêtre et le clergé, ils regagnèrent leur demeure en compagnie de leurs parents et donnèrent un grand festin qui fut de nouveau l’occasion de se réjouir et de rendre grâce à Dieu.

A son arrivée dans la maison du Seigneur, la Vierge toute-bénie fut logée avec les jeunes filles du temple. Le temple de Jérusalem avait jadis été édifié par Salomon. Par la suite, après avoir été abandonné, il fut restauré par Zorobabel qui lui adjoignit de nombreuses et vastes habitations, comme en témoigne l’historien juif Joseph. Les murs d’enceinte furent renforcés sur toute la périphérie de quatre-vingt-dix très belles vastes chambres de pierre, construites sur trois niveaux superposés. Tels de grands contreforts extérieurs, leur hauteur était égale à celle de l’enceinte. Diverses personnes logeaient dans ces chambres, mais principalement les vierges consacrées pour un temps au service de Dieu. A celles-ci s’ajoutaient dans des habitats séparés les veuves qui avaient promis à Dieu de rester chastes jusqu’à leur mort, comme Anne la prophétesse, fille de Phanuel. On trouvait aussi dans un troisième lieu des hommes appelés Nazaréens, qui vivaient comme des moines. Toutes ces personnes servaient le Seigneur et tiraient leur subsistance des biens du temple. Il y avait encore des pièces réservées à l’hébergement des pèlerins qui venaient de loin adorer Dieu dans le temple de Jérusalem.

Comme il a été dit, la jeune enfant de trois ans fut placée dans la demeure des jeunes filles. Auprès de celles-ci, elle s’initia dès son plus jeune âge à l’art de l’écriture et des travaux manuels. Ses saints parents lui rendaient visite et principalement Anne, qui venait voir sa fille toute-bénie et l’enseigner. Selon le témoignage de Saint Ambroise, la jeune enfant apprit à la perfection la langue hébraïque, l’écriture et les travaux manuels. Saint Epiphane ajoute qu’elle avait l’esprit vif et affectionnait l’étude. A côté de l’apprentissage des Saintes Ecritures, elle s’exerçait à filer la laine, tisser le lin, et coudre la soie. Sa sagesse étonnait tout le monde. Sa préférence allait vers tout ce qui pouvait être utile aux prêtres dans leur service. Sa maîtrise du travail manuel lui permit par la suite de se nourrir honnêtement quand elle élevait son Fils et c’est elle qui Lui confectionna de ses propres mains cette tunique qui n’était pas cousue mais tissée d’une seule pièce.

Saint Epiphane précise aussi qu’à l’instar des autres vierges, elle recevait du temple sa ration de nourriture, mais pour la donner aussitôt aux pauvres et aux étrangers. Quant à elle, comme le chante l’Eglise, elle était nourrie du pain du ciel. Saint Germain précise qu’elle demeurait dans le Saint des Saints et y était nourrie par l’ange et Saint André de Crète ajoute que cette nourriture étonnante était incorruptible.

Bien sûr, la Vierge toute-pure avait une place attribuée dans la demeure des vierges, où elle pouvait s’exercer au travail manuel, mais dès qu’elle eut un peu grandi, elle s’exerçait davantage à l’art de la prière et passait des nuits entières et la plus grande partie de ses journées derrière le second voile à prier. Pour son travail, elle retournait dans sa chambre car il ne convenait pas d’apporter quoi que ce fût dans le Saint des Saints, ni d’y avoir une autre activité que la prière. Tous les Pères s’accordent à dire que la Vierge toute-pure vécut jusqu’à l’âge de douze ans dans le Saint des Saints, n’en sortant que fort rarement pour regagner sa chambre.

Saint Jérôme nous a laissé l’emploi du temps de la Toute-Sainte dans le temple. Depuis le matin jusqu’à la troisième heure du jour, elle se tenait en prière ; entre la troisième heure et la neuvième, elle accomplissait son travail manuel et s’exerçait à la lecture, puis elle retournait prier jusqu’à ce qu’apparaisse l’ange qui lui apportait sa nourriture. Et c’est ainsi qu’elle grandissait sans cesse dans l’amour de Dieu. Elle vivait dans la virginité en compagnie des autres vierges, grandissait et se fortifiait en esprit par son exploit quotidien et l’intensité de sa prière allait aussi croissant. Sa force augmenta chaque jour, jusqu’à ce que la puissance du Très-Haut vint la couvrir de Son ombre.

Saint Georges de Nicomédie témoigne du fait que Zacharie vit de ses propres yeux l’ange lui apporter sa nourriture : « De jour en jour, elle croissait en âge et en elle croissaient aussi les dons de l’Esprit Saint, tandis qu’elle demeurait avec les anges, ce que Zacharie savait fort bien. Un jour qu’il servait à l’autel, il vit quelqu’un converser avec la jeune fille et lui présenter de la nourriture. Son aspect était inhabituel, car il s’agissait d’un ange. Qu’est-ce que ceci, pensa-t-il ? Quelle est cette silhouette d’ange incorporel qui parle à la jeune fille et lui présente des mets qui nourrissent la chair ? Lui qui par nature est immatériel porte à la Vierge un panier matériel. L’apparition d’un ange est un événement rare dans la vie des prêtres, et encore plus inhabituel dans la vie d’une femme, de surcroît si jeune. Il eût été moins surprenant de voir un ange apparaître à une femme mariée souffrant de stérilité et priant Dieu pour cela, comme Sainte Anne. Mais une jeune vierge n’a pas ce genre de préoccupation et pourtant je vois bien que l’ange lui apparaît constamment. Voici que l’étonnement, la peur et le doute m’assaillent. Que signifie tout cela ? Qu’est-ce que l’ange vient annoncer ? Quelle nourriture apporte-t-il, quelle main l’a préparée, de quel grenier provient ce pain ? Les anges ne se préoccupent pas souvent de ces nécessités matérielles. Les anges nourrissent, il est vrai, de nombreuses personnes, amis avec des aliments préparés par des hommes. Jadis un ange servit Daniel. Il pouvait accomplir les ordres du Très-Haut par Sa puissance, mais néanmoins, il utilisa Habacuc et une corbeille pour ne pas effrayer Daniel par sa présence et par une nourriture inhabituelle (Dan.14,33). Et voici qu’ici l’ange se présente en personne devant la jeune enfant. Ce mystère me laisse perplexe. Être digne dès sa plus tendre enfance d’être servie par un incorporel ! Qu’est-ce à dire ? Seraient-ce les prophéties qui se réalisent en elle, serait-ce la fin de notre attente ? Serait-ce de cette enfant que prendra la nature humaine Celui qui doit venir sauver le genre humain ? Ce mystère est annoncé depuis longtemps par les prophètes : le Verbe chercherait-Il qui pourrait Lui permettre de le réaliser ? Et si ce n’était pas une autre qui avait été choisie pour réaliser le mystère mais bel et bien celle enfant-là ? Heureux es-tu, peuple d’Israël, puisque c’est de toi qu’a germé une telle semence ! Heureuse es-tu, lignée de Jessé, puisque c’est de toi que doit pousser le rejet qui doit offrir au monde la fleur du salut ! Glorieuse est la mémoire de ceux qui ont donné naissance à celle-ci ! Et comme je suis heureux, moi aussi, qui puis me rassasier d’une telle vision, et parer cette Vierge pour la préparer à devenir la fiancée du Verbe ! »

Et maintenant, citons le bienheureux Saint Jérôme : « Chaque jour, les anges la visitaient. Si l’on me demande comment s’écoulait là-bas la petite enfance de la Vierge toute-pure, je répondrai ceci : Dieu seul le sait, Lui et l’Archange Gabriel son gardien et tous les autres anges qui venaient souvent près d’elle pour s’entretenir amicalement avec elle. C’est ainsi que la Vierge toute-pure, qui vivait dans le Saint des Saints, désirait vivre éternellement dans la pureté angélique et la parfaite virginité ».

Selon Saint Grégoire de Nysse et Saint Jérôme, la Toute-Pure fut la première à consacrer à Dieu sa virginité. Dans l’Ancienne Alliance en effet, les jeunes filles choisissaient toujours le mariage qui était tenu en plus haute estime que la virginité. La Toute-Pure fut la première à préférer la virginité au mariage, à se fiancer à Dieu et à Le servir ainsi jour et nuit.

Par la bienveillance du Père, l’Esprit Saint prépara en elle la demeure du Verbe. Que gloire et action de grâce soient rendues à la Trinité, toute-sainte, éternelle et indivisible, ainsi qu’à notre Souveraine la Mère de Dieu et toujours-vierge Marie, elle qui est louée et honorée par toutes les nations dans les siècles des siècles ! Amen.

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