jeudi 9 juillet 2009

LE CHRISTIANISME INTERIEUR

ARCHIPRËTRE JEAN JOURAVSKY

LE MONACHISME D’ORIENT GARDE EN LUI LE MYSTÈRE DU COMMENCEMENT D’UNE EXISTENCE NOUVELLE ET DE LA FIN DE L’ANCIENNE

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La pensée que notre existence pécheresse et corruptible est appelée à cesser lors de la fin du monde est une pensée très ancienne. Les prophètes de l’Ancien Testament l’ont eux-mêmes exprimée. Mais il faut dire que dans le Nouveau Testament, la nouvelle prise de conscience de l’humanité chrétienne la fait tressaillir sous l’effet d’un vent très particulier. Le Christ-Sauveur, tant par Sa parole que par Sa divine incarnation dans notre nature humaine, aborde la question de la fin de cette existence pécheresse et mortelle, c’est-à-dire la fin de ce monde et le commencement d’une nouvelle existence, immortelle cette fois.

La sainte incarnation de Dieu et les mystères qu’elle cache renferme justement la nouvelle existence immatérielle et la fin de l’ancienne existence matérielle.

Le fait même de l’apparition de Dieu dans la nature humaine témoigne clairement du fait que cette nature a reçu le germe d’une autre existence, divine.

L’Eglise chante cela avec allégresse dans des hymnes mystérieux et difficiles à saisir par la conscience qui n’a pas été encore éclairée : « Nous fêtons la mise à mort de la mort, la destruction de l’enfer, le commencement d’une autre vie, éternelle ».

L’arrivée du Christianisme dans le monde introduit cette nouvelle existence, le Christianisme éternel, la religion du triomphe de l’éternel sur le temporel, de l’immortel sur le mortel, de l’incorruptible sur le corruptible.

Le Christianisme est la religion de la résurrection. En elle, l’existence ancienne et corruptible est abolie, l’enfer détruit, l’homme ancien et corruptible et son monde sont appelés à mourir, pour que s’anime l’homme nouveau, incorruptible, immortel, l’homme de la Résurrection qui vit aux cieux.

La fin du monde trouve sa place dans ce vrai Christianisme. Alors disparaîtra le genre humain mortel pour céder la place à un autre genre, immortel, angélique. Le chrétien qui cherche à prolonger cette vie mortelle est puéril ne comprend pas le Christianisme, il ne comprend pas les mystères (cf. Mt.19,12).

Le mystère du Christianisme est grand. Si le genre humain mortel continue d’exister, c’est parce qu’il n’est pas en mesure de contenir ce mystère dans le vase de son développement spirituel, il ne peut renfermer le mystère de l’immortalité du Christ.

Peu nombreux sont ceux qui accèdent à ce mystère. Certains le trouvent dès leur naissance, et d’autres quand le développement de leur conscience spirituelle atteint un certain stade. Alors le genre humain mortel cesse en eux, ils deviennent les porteurs d’un nouveau genre, immortel. En eux se dévoilent les prémices d’une autre vie, éternelle.

Les premiers à porter cette vie éternelle dans leur humanité furent les Apôtres, qui avaient été régénérés par l’Esprit de Dieu, et après eux vinrent les saints moines et tous les saints. Les Apôtres furent les premiers à connaître par l’expérience le commencement d’une vie nouvelle, divine, et en-dehors du temps. C’est pour cette raison qu’il prononcèrent sur ce monde qui vit dans le mal, sur cette existence dans le temps, ces paroles prophétiques : « Enfants, c’est la dernière heure, le monde passe et sa convoitise aussi » (1Jn.2,18-19).

Depuis l’apparition de la nouvelle prise de conscience chrétienne, et de sa nouvelle perception de la vie, s’est allumée la pensée de la fin de l’antique conscience, de la fin de ce monde passager, telle une lumière céleste très particulière. Le tout premier Christianisme fut tout particulièrement inondé par cette lumière, qui connut de façon expérimentale, par un vivant sentiment du coeur, le nouveau, l’autre. Il rejeta l’ancien de façon aiguë, sans concession. Sa conscience ainsi illuminée, il repoussa le monde ancien et son image dans les ténèbres du néant.

Ce sentiment aigu et vivant de prise de conscience chrétienne de la fin du monde résonne fortement dans les paroles du saint Apôtre : « Voici ce que je dis, frères, c’est que le temps est court. Que désormais, ceux qui ont des femmes soient comme ceux qui n’en ont pas, que ceux qui pleurent soient comme ceux qui ne pleurent pas, ceux qui se réjouissent comme ceux qui ne se réjouissent pas, ceux qui achètent comme ceux qui ne possèdent pas, et ceux qui usent de ce monde comme ceux qui n’en usent pas, car la figure de ce monde passe » (1Cor.7,21-30).

Quelle majestueuse conception du monde dans les paroles de l’Apôtre ! Le monde n’est que l’image, l’ombre passagère, mais pas l’objet lui-même ! Quelle conception spirituelle, étrangère à l’existence charnelle ! Quelle perception vivante et aiguë du monde, cette ombre, cette image passagère !

Ayant perçu l’éternité comme une vie nouvelle, les saints ont pu dire de ce monde qu’il n’est que l’image passagère du monde invisible. Malheureusement, cette perception aiguë et vivante de la vie nouvelle n’a pas été reçue par les peuples chrétiens. Elle n’a trouvé de refuge que dans les cellules solitaires des ermites et des ascètes du Christ. Les solitaires ont été les porteurs de cette vie nouvelle, de l’autre existence du Dieu-Homme. Ils ont cheminé sur la voie de la foi au Christ, et cette foi leur a donné la conscience expérimentale des mystères du Christ, du Royaume éternel, des admirables miracles de notre Dieu admirable, Qui était merveilleusement en eux.

Le Christianisme extérieur est devenu mondain et païen. Il s’est adapté à ce monde pour vivre de façon charnelle et matérielle, pour l’amour de l’être charnel. Il ne connaît pas les miracles admirables de notre Dieu admirable. L’existence nouvelle semble bel et bien être l’apanage des solitaires.

La lumière éclairant les miracles de notre Dieu admirable, la lumière éclairant l’existence nouvelle, dès les premiers jours du Christianisme et jusqu’à aujourd’hui, provient de ces solitaires élus de Dieu, c’est-à-dire des moines. Elle provient de ces grandes familles de moines ou d’ermites, où, dans les laboratoires de l’Esprit, s’accomplit le grand mystère.

La vie sur terre est appelée à se transformer en une vie dans les cieux. La matière sombre et épaisse doit se spiritualiser et luire des rayons d’un autre monde. La corpulence pécheresse doit se changer en une chair sainte. Les larmes de repentir doivent tourner en vin d’allégresse éternelle. L’homme terrestre est appelé à devenir un ange céleste.

Dans le feu des combats intérieurs et des chutes secrètes en cellule, des chutes de l’esprit humain dans le matérialisme, la matière se transforme sous l’effet de la puissance divine. L’esprit humain déchu transformé en chair, qui rampe dans la poussière des convoitises, se libère peu à peu de la convoitise charnelle, et, sous l’inspiration de la grâce, acquiert des ailes pour s’élever de la terre jusqu’aux cieux où il est illuminé par les rayons du Soleil sans déclin, luisant de Sa lumière, se transformant en lumière, selon qu’il est dit : « Vous êtes la lumière du monde » (Mt. 5,14).

La chair corruptible et sombre, l’éternelle compagne de l’esprit et l’esclave des passions, voyant l’esprit transfiguré et clair, se transfigure elle-même par sa lumière, devient translucide et incorruptible, et luit des rayons d’un autre monde.

L’homme terrestre se transforme en ange céleste, quand sa conscience enténébrée luit des rayons du Soleil sans déclin.

Du feu des luttes et des pleurs surgit la nouvelle existence, éternelle, incorruptible, à qui se dévoilent les mystères du Royaume de Dieu, ici sur la terre, dans le choeur lumineux des nouvelles créatures, le choeur des saints.

La voie vers cette lumineuse célébration universelle de la Résurrection et de la Transfiguration de la création, vers le dévoilement des mystères du Royaume de Dieu sur la terre, a été indiquée par le Seigneur Lui-même qui a dit : « Je suis la Voie ». L’opportunité de suivre cette voie et la plénitude ont été donnée à travers le mystère de l’incarnation de Dieu.

Mais l’humanité a reçu le Christianisme superficiellement, comme la religion d’une morale nouvelle, et non comme la religion du miracle, de la Résurrection, de la manifestation active d’une existence différente et nouvelle. Ce faisant, elle a prononcé sur elle-même la sentence de sa fin. En livrant son Dieu et Sauveur à la croix (car vivre le Christianisme dans le siècle équivaut à crucifier Dieu), elle s’est condamnée elle-même à la catastrophe inévitable.

Les délais accordés à l’humanité pour faire l’acquisition de la vie divine prennent fin. La possibilité de changer encore, d’être transfiguré, est rejetée. On constate que la volonté humaine se manifeste maintenant de façon négative, méchante, et même haineuse à l’égard de tout ce qui vient de Dieu. Et cela accélère l’échéance de la catastrophe finale.

Le signe notoire de la fin qui s’approche est la destruction de ces foyers de lumière qui illuminent la terre enténébrée, c’est-à-dire la destruction des monastères et des ermitages, la destruction du monachisme.

Les derniers rayons de la lumière spirituelle à briller au-dessus de la terre provenaient des cellules de l’évêque Ignace Briantchaninov, des pères d’Optino, du juste Jean de Cronstadt et de quelques autres qui illuminèrent la terre affligée de leur lumière vacillante, de la lumière du soir qui précède le crépuscule, de la lumière de la fin.

Même si cette lumière renfermait aussi un sourire céleste, ses rayons tremblaient d’une secrète affliction pour le monde pécheur et non transfiguré, qui court à sa perte. Cette claire affliction des derniers saints traduit le déclin du Christianisme, annonçant le Nouveau Jour dont nous nous approchons.

A présent, nous sommes dans les ténèbres de la nuit, nous sommes entrés dans une époque sombre. Notre chemin sillonne sans la lumière de la lune et des étoiles. Parviendrons-nous, seuls et orphelins, jusqu’aux portes de la nouvelle existence spirituelle ? Serons-nous illuminés par les rayons du Soleil sans déclin ? Atteindrons-nous, faibles et épuisés que nous sommes, l’autre rive de la mer des passions ? Verrons-nous le joyeux littoral de la Terre Nouvelle ? Sur quoi traverserons-nous si le bateau des Apôtres est brisé ?

Mais rappelons-nous que quand l’Apôtre des païens fut sauvé avec ses compagnons, ce fut uniquement sur les débris du navire (Act.27,40-44). Voilà pour nous, les faibles et les hésitants, une prophétie encourageante et salutaire, qui vient nous garder de l’acédie, du découragement et du désespoir.

Accrochons-nous fortement aux débris nous aussi, et nous serons sauvés selon la parole apostolique, l’abîme agité de l’existence charnelle et périssable nous rejettera sur la terre ferme de l’existence nouvelle, spirituelle et divine.

LE MONACHISME D’ORIENT CONTEMPORAIN PERD LA PRATIQUE SPIRITUELLE, C’EST POURQUOI NOUS NOUS APPROCHONS DE LA FIN

La disparition du monachisme et le matérialisme sont les signes de la fin. On ne trouve plus aujourd’hui de guides spirituels théophores, et ce qui reste des chrétiens est amené à rechercher le salut dans les écrits des pères, les prières et les larmes. Les « débris » du navire apostolique sont pour nous les écrits des pères et les pleurs salutaires. C’est en nous accrochant à ces débris que nous chercherons le salut et que nous entrerons dans l’existence nouvelle et spirituelle.

L’existence ancienne va à la perte et à la destruction. Elle n’est rien d’autre que le sable dont le Sauveur a dit que la « maison bâtie sur le sable est tombée » (Mt. 7,26-27). Et c’est ainsi que tombera également toute âme qui construit sur le sable des convoitises terrestres, de l’amour de la chair, de la piété extérieure.

Les écrits des pères et les pleurs de repentir devant Dieu sont l’unique base salutaire sur laquelle la maison de l’âme peut résister à la destruction. Il n’y plus moyen pour nous de trouver une direction spirituelle pneumatophore, ceci a disparu. Les livres salutaires disparaissent eux aussi, selon un plan défini, selon un système.

Le direction spirituelle existait dans le monachisme chez les artisans expérimentés de la pratique spirituelle. Malheureusement, le monachisme s’appauvrit de l’intérieur, et avec lui la pratique spirituelle et le mystère de la nouvelle existence. C’est pourquoi les guides aussi se font rares. Le phénomène est déjà ancien, et sa progression imperceptible.

Déjà au XIVème siècle, Saint Grégoire le Sinaïte se plaignait d’avoir fait le tour du Mont Athos pour trouver parmi les milliers de moines seulement trois vases de la grâce, qui avaient atteint une certaine compréhension de la pratique spirituelle. Notre saint hiérarque béni, Ignace Briantchaninov, écrivait il y a cent ans que les guides sont devenus si rares qu’on peut presque dire qu’il n’y en a plus.

On peut considérer que c’est une grâce spéciale de Dieu de voir un moine trouver à la fin de sa vie, après avoir épuisé son corps et son âme dans l’ascèse monastique, un vase élu de Dieu, impartial, petit aux yeux des hommes et grand devant Dieu.

C’est ainsi que Zosime trouva, au-delà de toute attente, jadis au désert, sur l’autre rive du Jourdain, la grande Marie.

A la suite de cette raréfaction des maîtres pneumatophores, les livres patristiques représentent l’unique source à laquelle peut s’abreuver l’âme assoiffée qui souhaite acquérir des connaissances en matière d’exploit spirituel, connaissances qui sont hautement nécessaires.

Les monastères, qui sont les gardiens de la lumière spirituelle, se sont détruits eux-mêmes en perdant leur fondement, c’est-à-dire la pratique spirituelle. L’abandon de cette pratique et l’attrait pour le bien-être extérieur, la gloire, la décence et le faste, ont été un lourd péché, et une audacieuse transgression des promesses monastiques. La longanimité de Dieu n’a pas supporté cette audace, elle a livré les transgresseurs au jugement, en détruisant les monastères et en supprimant le monachisme. Voici que le monachisme s’est réduit au port de l’habit et à une pratique extérieure. Nombreux sont ceux qui ont suivi cette voie extérieure et défigurée du monachisme, oubliant le véritable monachisme de Dieu, spirituel et secret. Une telle façon de faire n’attire pas la bénédiction du Seigneur.

Le Nouvel Adam, le Dieu-Homme, le Seigneur et Sauveur, est le Prototype d’une nouvelle humanité et le monachisme était destiné à être le vivant porteur de cette humanité de Dieu.

Un chemin spirituel lui a été indiqué pour cela, dans lequel l’âme spirituelle renonce aux pensées, aux rêveries, aux convoitises de la chair, et s’engage, par la pratique monastique, dans une vie immatérielle, spirituelle et angélique. En perdant cette vie spirituelle, le monachisme perd son droit d’existence devant Dieu. Cette catastrophe était visible depuis déjà longtemps, mais seulement par certains moines spirituellement voyants. Parmi ceux-ci, on compte le saint hiérarque porteur de grâce Ignace Briantchaninov, qui écrivait en son temps : « En Russie et même ailleurs, le monachisme termine le temps qui lui a été imparti. La société monastique contemporaine a perdu la juste conception de la pratique spirituelle. Sans elle, le monachisme est un corps sans âme. C’est pourquoi je n’attends pas le rétablissement du monachisme ».

Nous avons vu récemment l’accomplissement de ces terribles lignes prophétiques inspirées par Dieu. Les monastères, qui constituaient la base de la Russie orthodoxe, se sont effondrés, et avec eux le monachisme, qui servait de fondement à l’âme chrétienne orthodoxe, laquelle s’effondre à sa suite.

Les redoutables signes de la fin du monde font leur apparition dans le monde chrétien. Le monachisme était le sel qui préservait de la pourriture. Puisque le sel perd de sa force, c’est que s’approche la fin du monde. Sauve-moi Seigneur, car il n’y a plus de saint ! (Ps.11,2) Le monde humain s’est appauvri spirituellement, il a vieilli. Il ne peut plus produire ceux qui contenaient et portaient son mystère. Le mystère du monde n’est autre que le mystère du Christianisme. Le monde n’existe que pour ce mystère. Si ceux qui portent ce mystère disparaissent, le monde doit disparaître à son tour.

Les porteurs du mystère étaient les saints moines. Le monachisme soutenait le monde. Avec le matérialisme, l’esprit humain devient définitivement chair, et n’est plus à même de produire du spirituel. Une prolongation de l’existence de ce monde charnel est dénuée de sens, il doit prendre fin.

Le matérialisme oeuvre uniquement pour le développement de l’esprit humain. Il perdurera jusqu’à ce qu’il se soit définitivement déterminé sur la question du bien et du mal.

Si l’esprit choisit le matérialisme sombre et charnel, s’il penche définitivement de son côté, il détruit en lui toute possibilité d’action de la grâce et de sa lumineuse immortalité. L’esprit qui se transforme en chair, en matière, tombe sous la loi de cette matérielle, c’est-à-dire la loi de l’écroulement, de la décomposition, de la mort.

La disparition du monachisme qui était l’être spirituel de l’humanité, la haine générale éprouvée à son égard et à l’égard du Christianisme en général, sont les signes essentiels et indéniables de la fin de ce monde matérialiste.

La haine du Christianisme traduit de façon expressive le vide spirituel de ceux qui expriment cette haine, et la chute définitive de leur esprit dans la matière, et dans les convoitises charnelles. Il traduit l’écroulement intérieure de la personne spirituelle, et sa fin irrémédiable. C’est là l’indice essentiel de la chute de l’âme dans l’impiété étrangère au Christianisme.

Celui qui ne comprend pas le monachisme ne comprend pas le Christianisme. Celui qui hait le monachisme hait le Christianisme et le Seigneur Lui-même, même s’il dit croire en Lui. Une telle foi ne mène pas au salut, ce n’est pas la foi des pères, ce n’est pas la foi orthodoxe. C’est une foi hérétique, c’est la foi sectaire de l’antéchrist.

Dans les derniers temps, le monde entier, tant impie que chrétien, sera embrasé par cette foi pleine de haine à l’égard du monachisme. Cette haine viendra unir deux mondes diamétralement opposés : l’amour du monde qui envahira cet anti-christianisme qui se fait appeler Christianisme s’unira à l’impiété, à l’athéisme, au combat contre Dieu.

Ceux qui aiment le monde sont les ennemis cachés du Christianisme. Par leur vie orgueilleuse et leur amour de la chair, ils nient l’existence de Dieu. C’est pourquoi il s’uniront par un même esprit aux impies pour haïr le monachisme, le Christianisme, et le Christ Lui-même, et manifesteront leur appartenance à l’esprit de l’antéchrist. L’esprit de l’antéchrist est méchant, il foule aux pieds les saints commandements du Christ Seigneur, il hait ceux qui portent les commandements vivifiants du Dieu vivant.

La haine du monachisme est l’indice le plus redoutable du reniement définitif de Dieu, de ce mystère de l’iniquité recouvert de la soutane de la piété. C’est l’indice de la fin du Christianisme et du monde.

Il est étonnant de constater dans le cours de l’histoire que le clergé lui-même a joué le rôle de vecteur dans cette haine du monachisme : ceux-là même qui se tiennent devant les saints autels de Dieu ! Le clergé contemporain et le monde considèrent le monachisme comme leur ennemi juré, ils ont pour lui une animosité mortelle.

Cette haine du monde athée et du clergé apostat n’est pas due au hasard. Elle a ses sources dans les temps les plus reculés de l’histoire de l’Eglise du Christ. L’arianisme, le nestorianisme, l’iconoclasme et les autres hérésies qui ont secoué l’Eglise ont ressenti à leurs dépends la forte influence du monachisme. C’est pourquoi ils l’ont haï, c’est pourquoi ils ont voulu son anéantissement.

La haine du monachisme manifestée à notre époque, et que tous n’ont pas remarquée, est le signe mystérieux de l’apostasie qui s’est définitivement accomplie. Elle témoigne du fait que la nuit de Gethsémani a commencé pour le Christianisme et le monachisme porteur du mystère du Christ. C’est Judas qui guide la masse sombre et méchante, c’est le disciple du Christ qui se montre instigateur du déicide. Cette image évangélique est un indice terrible, une redoutable prophétie de ce qui se passe de nos jours. Il ne faut pas l’oublier...

Cette terrible image de l’Evangile se manifeste dans la claire union de l’athéisme et de l’apostasie. Pour employer le langage évangélique, cette union cache le mystère de la fin qu’évoque le Seigneur qui dit : « Je dirai aux moissonneurs : arrachez d’abord l’ivraie, et liez-la en gerbes pour la brûler »(Mt.13,30)

Cette union des clercs et des séculiers dans la haine du monachisme et du Christianisme lui-même, cette soif de détruire les moindres emplacements monastiques qui avaient encore échappé au désastre, constitue justement le « liez-la en gerbes » avant la fin, avant le feu. Une main invisible les prépare pour le feu. Toutes les forces hostiles au Christianisme se sont unies avec « la chair et le sang » étrangers à la vie spirituelle et au Royaume de Dieu, et elles seront brûlées par le Jugement de Dieu.

Quand on scrute leur vie qui s’écoule dans l’amour de la chair et dans l’absence de crainte, et tout cela derrière le voile de la soutane, on comprend qu’ils brûlent déjà dans l’enfer des passions inextinguibles, de l’avidité, de l’amour de la chair, et de la haine.

Ayant compris cette prophétie, le reste des chrétiens se doit de redresser la tête, de tendre vers le ciel, de renforcer sa pratique spirituelle, et de se concentrer intérieurement sur la garde des pensées. Seule cette pratique prônée par les Pères peut nous arracher à la vie charnelle, avec le guide de leurs écrits inspirés par Dieu. C’est le seul moyen de sauver nos âmes de la perdition définitive et inévitable. Il n’y a plus de guides, de maîtres, d’anciens porteurs de la grâce.

Accrochons-nous aux écrits de Pères et cherchons le salut agrippés à ces « débris ». Versons les pleurs du repentir et de la prière. La voie nous est montrée, qui conduit de l’extérieur vers l’intérieur, vers l’attention aux pensées et la prière incessante. Celui qui reste à l’intérieur est sur la voie juste. C’est cela la véritable vie chrétienne enseignée par les Pères.

LES SAINTS PERES CONNAISSAIENT PAR EXPÉRIENCE LE MYSTÈRE DU SALUT. ILS ONT MIS AU POINT UNE SCIENCE SPIRITUELLE : LA SCIENCE DE LA VIGILANCE. DE L’ESSENCE DE CETTE PRATIQUE.

L’attention et la prière incessante sont les activités mentales qui donnent naissance à la pratique spirituelle.

Ceci est le mystère caché des Pères, qu’il est difficile à exprimer par des mots. La langue humaine est à court d’expressions ou même de métaphores pour expliquer pleinement ce mystère.

La prière incessante est un commandement de Dieu et un don de Dieu, elle ne peut être comprise par la raison ni exprimée par la parole, dit l’évêque Ignace.

La pratique divine de la sainte prière du coeur était l’oeuvre constante des anciens Pères théophores, dit Saint Païssy Vélitchkovsky. Que l’on sache, poursuit-il, que selon le témoignage digne de foi de notre Père sage en Dieu, saint et théophore, Nil le Jeûneur du Sinaï, Dieu Lui-même donna au premier homme la prière du coeur déjà dans le Paradis ! Mais cette prière du coeur atteignit une gloire incomparablement plus grande lorsque celle qui est plus sainte que tous les saints, et plus vénérable que les chérubins, et incomparablement plus glorieuse que les séraphins, la toute-sainte Vierge Marie et Mère de Dieu, accéda, par cette prière, alors qu’elle se trouvait dans le Saint des Saints, à la hauteur suprême de la vision de Dieu et fut jugée digne d’être la demeure de Celui que toute la création ne peut contenir, le Verbe de Dieu qui pénétra en personne dans son sein. Qui peut comme il se doit louer la prière du coeur qui fut pratiquée par la Mère de Dieu elle-même, guidée et enseignée par le Saint Esprit ?

La prière du coeur est digne des louanges divines puisqu’elle contient en elle le Nom plein de gloire et digne d’éloge de notre Dieu. Comme Dieu Lui-même, elle est ineffable. Elle est mystérieusement divine, elle est le majestueux accomplissement des miracles de notre Dieu glorieux et indicible.

Le sens caché de la pratique spirituelle (appelée aussi vigilance ou prière incessante ou prière du coeur) réside dans le mystère de l’union avec Dieu, de la manifestation de la sainte image du Christ dans l’homme. C’est là que se trouve le secret des Saints Pères. Dans cette pratique spirituelle, la volonté accomplit l’exploit du repentir dans la grâce. Alors que l’âme vit dans un environnement terrestre, elle se perfectionne dans sa quête de la vie future. Un jour se révélera à elle l’indescriptible et incommensurable activité de notre Dieu parfait. Cette pratique spirituelle est la voie cachée qui mène à la vie angélique déjà sur cette terre. Elle nous fait quitter cette existence de perdition, cette vie terrestre, mortelle et charnelle, et introduit notre nature spirituelle dans une existence nouvelle, éternelle, céleste, immortelle et divine. Elle renouvelle l’homme par l’âme et par le corps (Saint Syméon le Nouveau Théologien).

La pratique spirituelle réalise l’union des chérubins entre l’âme et le Dieu-Verbe. Elle est la voie de la connaissance de Dieu par l’expérience, hélas oubliée par le monachisme. Un monachisme qui arbore l’aspect angélique sans en avoir la pratique n’est pas un vrai monachisme, c’est une fleur stérile, un corps sans âme.

L’essence du monachisme est dans la pratique spirituelle, comme l’essence du Christianisme est dans le monachisme.

Sans la pratique spirituelle, il n’y a pas de monachisme, et sans monachisme, il n’y a pas de Christianisme.

La pratique spirituelle cache les mystères du Royaume des Cieux. L’Esprit Saint les révèle petit à petit à celui qui s’efforce de se les approprier sur la voie du repentir.

Ces mystères ne peuvent être révélés artificiellement. La prière incessante n’est donnée qu’au repentir incessant. La seule assistance sure qui ne risquera pas de détériorer les poumons et d’enténébrer l’esprit en le plongeant dans le leurre, c’est la prière incessante que le coeur apporte à Dieu quand il Lui dit : « Aie pitié! » Cette prière empreinte de sacrifice et de contrition ne sera pas dédaignée par le Seigneur Dieu. Les portes du Royaume des Cieux ne s’ouvrent qu’au seul repentir. Cette voie ne peut pas conduire à l’égarement.

Pour celui qui comprend par un sentiment du coeur l’imminence de la fin de ce monde matériel et celle de sa propre fin, quelle prière pourrait mieux convenir et apporter plus de satisfaction que celle-ci, si brève mais pourtant si riche par le contenu ?

Celui qui pense à sa mort et au fait qu’il devra bientôt se présenter devant le tribunal de Dieu ne peut avoir qu’un seul soucis permanent : disposer d’assez de temps pour obtenir avant la fin la miséricorde du Seigneur.

C’est pourquoi cette prière, au fur et à mesure qu’elle sera pratiquée, conduira l’âme à crier de manière incessante : « Aie pitié! »

Cette pratique cache justement le mystère du salut du navire apostolique, salut qui fut offert aux anciens Pères, mais qui fut la cause de la perte du monachisme de ces derniers temps, puisqu’il ne s’y est pas tenu.

Ce monachisme récent s’est fié à ces vêtements extérieurs, aux biens matériels, à la bienséance extérieure, perdant la pratique intérieure spirituelle, c’est-à-dire l’attention aux pensées et la prière incessante.

Désormais, cette pratique angélique sera le propre de ceux qui s’y accrocheront de l’intérieur, qui chemineront vers Dieu à l’intérieur d’eux-mêmes, sur la véritable voie étroite et spirituelle. Ces gens-là seront cachés de la multitude. Les mystères du Royaume des Cieux sont cachés aux extérieurs. Ils ne sont pas accessibles à tous. La pratique spirituelle est intérieure, et cachée dans la vigilance.

La vigilance est abordée par les saints pères comme un art spirituel, qui, pratiqué avec un zèle constant, attire la grâce de Dieu qui libère l’homme des pensées passionnelles, des paroles et des actes mauvais. La vigilance accorde à celui qui la pratique une juste connaissance du Dieu inconcevable, la pénétration des mystères, autant que cela nous soit possible. Elle est l’accomplissement de tous les commandements de l’Ancien et du Nouveau Testaments, elle apporte tous les biens du siècle à venir.

Elle est véritablement la pureté du coeur. Comme ont dit Saint Isaac le Syrien et Saint Hésychios : « Le coeur est pur quand il se garde par la prière des pensées mauvaises ». L’essence de la vigilance se trouve donc dans la prière incessante et dans l’attention de l’esprit aux pensées. C’est à cette pratique que les pères nous proposent de nous accrocher comme à un mystère salutaire. Cette pratique est salutaire, puissante, et efficace pour assurer le salut de ceux qui s’y tiennent avec foi.

Celui qui éprouve du zèle pour sauver son âme de la noyade inévitable doit s’y accrocher solidement, et il sera sauvé. Le Seigneur Dieu apporte toujours personnellement Son aide à celui qui fait preuve d’un bon zèle. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! C’est la voix des Saints Pères ! C’est la voix du Saint Esprit !

L’ENSEIGNEMENT DES SAINTS PÈRES SUR LA VIGILANCE SE FONDE SUR LA CONNAISSANCE DE LA MISE A MORT DE NOTRE NATURE SPIRITUELLE PAR LE PÉCHÉ EN ADAM ET LE MOYEN DE PARVENIR A LA RÉSURRECTION.

DE LA SIMPLICITÉ, DE L’ACCESSIBILITÉ ET DE LA GRANDEUR DE CE MOYEN.

Les Saints Pères nous proposent la pratique spirituelle comme le moyen sûr d’échapper à la noyade inévitable de notre nature spirituelle dans la mer mentale du péché, car il n’existe pas d’autre moyen aussi efficace. Personne n’a aussi bien appréhendé notre nature spirituelle, notre âme et sa grave maladie, que les Pères sages en Dieu, et ce sont eux qui nous proposent ce moyen simple.

Les Pères ont pris conscience du fait que notre âme avait été mise à mort par le poison du péché en Adam. En lui tous sont morts et ont perdu la vie angélique cachée qui était notre bien propre auparavant. Nous demeurons maintenant dans les pensées et les impressions charnelles, nous demeurons sur la terre, la vie céleste nous est inaccessible.

Saint Macaire le Grand décrit cette mort de l’âme par des paroles très fortes : « Lors de la désobéissance, l’homme mourut de la mort effroyable de l’âme, il reçut malédiction sur malédiction : la terre portera pour toi des ronces et des épines (Gen.3,18), tu travailleras la terre, mais elle ne te donnera plus ses fruits (Gen.4,12). Les ronces et les épines poussèrent et foisonnèrent dans la terre de son coeur, ses ennemis le dépouillèrent par ruse de sa gloire et le revêtirent de honte. Sa lumière lui fut enlevée et il fut couvert de ténèbres, ils tuèrent son âme, éparpillèrent et divisèrent ses pensées, précipitèrent son intellect des hauteurs, et Israël, c’est-à-dire l’homme, devint un esclave du véritable Pharaon. Et ils lui imposèrent comme contremaîtres et comme surveillants les esprits de malice qui le forcèrent, qu’il le voulût ou non, de faire des oeuvres mauvaises et d’accomplir la corvée de l’argile et des briques (Ex.1,11-14). Ils le tinrent éloigné des pensées célestes, pour le pousser à des actions matérielles, terrestres, fangeuses et mauvaises, à des paroles, des pensées et des réflexions vaines. Précipitée du haut de sa grandeur, l’âme trouva un royaume hostile à l’homme et des maîtres cruels, qui la contraignirent à leur bâtir les cités des péchés et des vices. Mais dès que l’âme gémit et crie vers Dieu (Ex.2,23-24), Il lui envoie le Moïse spirituel, qui la délivre de la servitude des Egyptiens ».

Et nous voyons ici venir en aide à l’âme mise à mort son cri spirituel, la puissante et incessante prière de Jésus qui la vivifie. L’âme trouve sa vie dans ce mystère de l’appel, et c’est ainsi qu’elle ressuscite pour une vie spirituelle et céleste, la vie en Dieu.

Ce don de la vie divine est accordé à chaque baptisé au Nom du Seigneur Jésus-Christ. Dans les fonts baptismaux, l’âme reçoit par grâce, le don spirituel de la vie angélique accordé gratuitement. Cependant, il est rare que quelqu’un conserve ce don, c’est pourquoi il est rare que quelqu’un ait une vie spirituelle. La majorité des baptisés foule aux pieds ce don par ses passions dès la petite enfance ou l’adolescence, et demeure jusqu’à la mort dans une vie charnelle et lubrique, sans se douter que c’est la condamnation à mort de l’esprit (Rom.8,5-8).

Pourtant ce don n’est pas détruit en nous par les péchés, il est seulement enfoui comme un trésor dans la terre de nos passions. Il dépend de nous d’exhumer ou non ce trésor de la vie céleste. C’est le repentir qui nous permettra de trouver en nous le trésor. Le repentir est un deuxième baptême qui offre le don spirituel de la vie céleste.

A travers le repentir, la grâce de l’Esprit Saint nous vivifie et nous fait pénétrer dans le mystère de la communion avec Dieu.

Saint Grégoire le Sinaïte exprime très bien cette pensée : « Ayant reçu l’Esprit de vie en Jésus-Christ, il nous est possible de converser avec le Seigneur comme les chérubins par la prière pure, mais nous ne comprenons pas l’honneur et la gloire de la grâce de la régénération, nous ne nous préoccupons pas de grandir spirituellement en accomplissant les commandements, d’aller vers un état de contemplation spirituelle, et nous nous adonnons à la négligence qui nous précipite dans des habitudes passionnelles et dans l’abîme de l’insensibilité et des ténèbres.

Il arrive même que nous ne souvenions pas que Dieu existe! Nous ignorons même que nous sommes appelés à devenir fils de Dieu par la grâce !

Après le renouvellement de l’esprit par le baptême, nous ne cessons pas de vivre charnellement. Si parfois, après nous être repentis, nous nous mettons à accomplir les commandements, nous le faisons de façon extérieure, et non spirituellement. Nous perdons tellement l’habitude de la vie spirituelle que sa manifestation chez les autres nous paraît fausse et erronée. Jusqu’à la mort elle-même, nous sommes morts par l’esprit, nous ne vivons et n’agissons pas dans le Christ, oubliant que celui qui est né de l’Esprit doit être spirituel.

Or, ce que nous avons reçu dans le Saint Baptême en Jésus-Christ n’a pas été détruit, mais simplement enterré comme un trésor. La simple raison, et également la gratitude, exigerait pourtant de s’en préoccuper ! Et comment accomplir cela ? Par deux moyens. La grâce du baptême peut être déterrée, et retrouver sa clarté et son brillant, en premier lieu par un travail laborieux d’accomplissement des commandements, et en second lieu par l’appel incessant du Seigneur Jésus, ou ce qui revient au même, par un souvenir incessant de Dieu.

Le premier moyen est puissant, et le second l’est encore plus, qui reçoit du premier la plénitude de sa force. Si nous voulons dévoiler sincèrement cette semence de grâce cachée en nous, empressons-nous de prendre rapidement l’habitude de diriger notre coeur vers la prière sans représentation et sans imagination jusqu’à ce qu’elle réchauffe notre coeur et l’enflamme d’un amour ineffable pour le Seigneur. Tant que la prière n’agit pas d’elle-même en nous, nous devons nous contraindre nous-mêmes au douloureux labeur de la prière, jusqu’à ce que le coeur se réchauffe et que la prière agisse d’elle-même ».

Voilà le moyen par lequel nous ranimerons notre âme mise à mort ; ce moyen est simple et accessible à tous. De tous les riches et grands dons que le Seigneur a accordés par Son Incarnation à la pauvre créature humaine pécheresse et asservie aux démons en vue de la sauver de cet asservissement, la prière de Jésus est le plus majestueux, le don parfait par excellence.

« Prier par la prière de Jésus est une institution divine. Elle a été instituée non par un prophète, non par un apôtre, non par un ange, mais par le Fils de Dieu Lui-même », dit l’évêque Ignace. Après la Sainte Cène, parmi les commandements définitifs et de haute portée, le Seigneur Jésus-Christ a instauré la prière par Son Nom. Il a fait don à l’humanité de ce moyen de prier, don véritablement inhabituel et infiniment précieux.

D’ailleurs, les apôtres connaissaient auparavant en partie la force du Nom de Jésus, puisqu’ils guérissaient par lui les maux inguérissables, contraignaient par lui les démons à leur obéir, avant de les lier, de les vaincre et de la chasser.

Le Seigneur recommande d’employer ce Nom tout-puissant et merveilleux pendant la prière, promettant de lui donner une efficacité particulière : « Si vous demandez quelque chose en Mon Nom, Je le ferai, afin que le Père soit glorifié dans le Fils » (Jn.14,13-14). « Si vous demandez quelque chose en Mon nom, Je le ferai. En vérité, en vérité, Je vous le dis : ce que vous demanderez au Père en Mon Nom, Je vous le donnerai. Jusqu’à présent vous n’avez rien demandé en Mon Nom. Demandez et vous recevrez afin que votre joie soit parfaite ! » (Jn.16,23-24)

Quel don ! Il est le gage de biens éternels et infinis ! Il provient de la bouche même du Dieu infini qui S’est circonscrit dans notre humanité en S’attribuant un Nom humain qui signifie Sauveur.

Ce Nom semble limité, et pourtant il représente l’Être illimité qu’est Dieu. Il emprunte à Dieu Sa dignité divine et absolue, et Sa puissance.

Ô, Donateur d’un don sans prix et incorruptible ! Comment les êtres insignifiants et pécheurs que nous sommes peuvent-ils recevoir un tel don ? « Ni nos mains, ni notre coeur, ni notre esprit n’en sont capables. Mais Toi, enseigne-nous comment recevoir ce don, comment l’employer sans commettre de péché, sans être châtié pour notre manque de raison et notre audace, afin de pouvoir ensuite recevoir de Toi d’autres dons encore, connus de Toi seul! » (Saint Ignace Briantchaninov)

« Après avoir reçu, nous les indignes, ce Nom salutaire, honorable, et plus terrible pour toutes les créatures que tout autre nom, hissons-le comme une voile et allons de l’avant ! » (Calliste)

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