jeudi 26 février 2009

VIE DU SAINT APÔTRE BARTHOLOMEE OU NATHANAEL

Saint Bartholomée était membre du choeur des Douze Apôtres. Après la descente de l’Esprit Saint le jour de la Pentecôte, il fut choisi par le sort pour aller prêcher la Parole de Dieu en Syrie et en Asie, avec le Saint Apôtre Philippe. C’est tantôt ensemble, tantôt séparément qu’ils parcouraient ces deux pays, lançant les filets de l’enseignement dans la mer du monde, et capturant les hommes en vue du salut.
Un jour, alors qu’il visitait les provinces de Lydie et de Mysie en Asie mineure, le Saint Apôtre Philippe se trouva aux prises avec des gens furieux et indociles. Le saint Apôtre Bartholomée reçut alors de Dieu l’ordre de lui porter secours. Ce dernier prit aussitôt sur lui les efforts et les souffrances apostoliques de son frère en Christ, dans l’unité de l’Esprit, comme le rapportent les actes du martyre du Saint Apôtre Philippe. Comme la sœur de Philippe, la jeune Mariamne, suivait aussi son frère, ils oeuvrèrent tous trois de concert pour le salut des hommes. Traversant toutes les villes de Lydie et de Mysie pour annoncer la Bonne Nouvelle, ils supportaient de la part des impies de nombreux malheurs et de grandes tribulations. Ils furent battus, emprisonnés, lapidés, mais la grâce de Dieu leur permit de traverser le temps des malheurs et des blessures, les gardant en vie pour poursuivre leur labeur de prédication. Ils parvinrent bientôt jusqu’au lieu où prêchait le disciple bien-aimé, Jean le Théologien, et reçurent de lui une grande consolation spirituelle.
Par la suite, ils se rendirent à Hiérapolis en Phrygie pour prêcher le Christ. Cette ville était remplie d’idoles que les habitants adoraient, tant ils étaient aveuglés par les démons. Il y avait même dans un temple à Hiérapolis une vipère que les gens adoraient comme un dieu, lui offrant des sacrifices et de la nourriture. Ces insensés vénéraient en général beaucoup les serpents, vipères et autres reptiles. Saint Philippe attaqua la vipère de sa prière. Aidé de Saint Jean le Théologien, qui l’accompagnait encore. Cette prière vainquit l’animal et le transperça comme une lance, le livrant à la mort par la puissance du Christ. Après cet incident, le disciple bien-aimé quitta les trois compagnons, les laissant à Hiérapolis pour prêcher la Parole de Dieu. Par la suite, Saint Philippe, Saint Batholomée et Sainte Mariamne déployèrent un grand zèle pour chasser de la ville les ténèbres du paganisme, répandant sur elle la lumière de la Vérité. Oeuvrant jour et nuit, ils instruisaient ceux qui étaient dans le leurre, ramenaient les insensés à la raison et remettaient les égarés sur la Voie.
A Hiérapolis vivait un dénommé Stachys, qui était aveugle depuis quatorze ans. Les saints Apôtres lui ouvrirent les yeux du corps par leur prière, et leur prédication eut tôt fait d’ouvrir aussi les yeux de son âme. Une fois Stachys baptisé, ils logèrent dans sa maison. La nouvelle de la guérison de Stachys se propagea dans toute la ville, et une grande foule se rassemblait chez lui pour entendre l’enseignement des saints Apôtres sur la foi en Jésus-Christ. De nombreux malades guérissaient et les démons étaient chassés. Beaucoup crurent au Christ et demandèrent le saint Baptême.
La femme du proconsul de la ville, un certain Nicanor, avait été mordue par un serpent et gisait, malade, aux portes de la mort. Ayant entendu dire que les Saints Apôtres qui vivaient dans la maison de Stachys guérissaient toutes les maladies, elle se fit transporter auprès d’eux par ses serviteurs, pendant l’absence de son mari. Comme Stachys, elle obtint elle aussi la double guérison du corps et de l’âme.
De retour chez lui, le proconsul apprit de ses esclaves que sa femme s’était mise à croire en un certain Christ, que des étrangers prêchaient dans la maison de Stachys. Entrant dans une violente colère, le proconsul fit brûler ladite maison et arrêter les Saints Apôtres. A cette nouvelle, de nombreux habitants de la ville se rassemblèrent, traînèrent leurs victimes à travers les rues en les battant outrageusement, et les jetèrent en prison. Un peu plus tard, le proconsul siégea au tribunal pour juger les prédicateurs du Christ, assisté de tous les sacrificateurs païens, et en particulier des adorateurs de la vipère. Tous se plaignaient des Apôtres : « Venge, ô proconsul, le déshonneur de nos dieux !. Depuis l’arrivée de ces étrangers dans notre ville, nos autels sont désertés, les gens oublient d’apporter les sacrifices, notre déesse la vipère a péri, et la ville se remplit d’iniquités ! Ne laisse pas ces mages en vie ! ». Le proconsul ordonna qu’on dépouillât le Saint Apôtre Philippe de ses vêtements en disant : « La magie est peut-être cachée dans ses vêtements ! ». Cependant, une fois les vêtements ôtés, on ne trouva rien. On fit de même pour le Saint Apôtre Bartholomée, sans plus de succès. Mais quand il fut question de dénuder le corps vierge de Sainte Mariamne, celui-ci se transforma sous leurs yeux, devenant comme une flamme de feu qui fit reculer les impies terrorisés.
Le proconsul condamna néanmoins les Saints Apôtres au supplice de la croix. On s’empara d’abord du Saint Apôtre Philippe, auquel on perça les talons. Ensuite, on le lia avec des cordes et on le suspendit au bois devant le temple de la vipère. Crucifié la tête en bas, il fut lapidé. Puis, comme on crucifiait le Saint Apôtre Bartholomée près du mur du temple, il y eut un grand tremblement de terre. La terre ouvrit son sein, engloutissant le proconsul, les sacrificateurs de la vipère et une multitude d’impies. Tous, fidèles ou infidèles, furent saisis par la terreur. Les survivants implorèrent à grands cris les Saints Apôtres d’avoir pitié d’eux et de supplier le seul Dieu véritable que la terre ne les engloutisse pas à leur tour. Ils détachèrent promptement Bartholomée, mais ne purent faire la même chose pour Philippe qui était pendu beaucoup trop haut. Ajoutons que la volonté de Dieu était que Son Apôtre passât par une telle mort de la terre au ciel, vers lequel ses pieds étaient déjà tournés. Ainsi suspendu, le Saint Apôtre Philippe priait le Seigneur pour ses ennemis, intercédant pour la rémission de leurs péchés, et demandant que les yeux de leurs cœurs fussent ouverts à la connaissance de la Vérité.
Le Seigneur se laissa fléchir par la demande de Son fidèle serviteur, ouvrit à nouveau la terre, et en fit sortir vivants tous ceux qu’elle avait engloutis, à l’exception du proconsul et des sacrificateurs de la vipère. Tous confessèrent le Christ d’une voix forte, louèrent Sa puissance, et demandèrent le Saint Baptême. Lorsqu’on voulut enlever Saint Philippe du bois, il avait déjà remis au Christ son âme sainte. Quant à sa sœur, Sainte Mariamne, qui avait gardé sans tache sa virginité, elle contemplait les souffrances et la mort de son frère Philippe, baisait son corps avec amour, et se réjouissait en esprit qu’il eût si bien terminé sa course. Après les supplices, Saint Bartholomée baptisa tous les nouveaux croyants et ordonna Stachys évêque. Il enterra ensuite le corps de l’Apôtre Philippe. A l’emplacement même où avait coulé le sang du saint, une vigne poussa trois jours plus tard, montrant ainsi que celui qui avait versé son sang pour le Christ jouissait maintenant de la joie éternelle de Son Royaume.
Après l’enterrement, Saint Bartholomée passa encore quelques jours à Hiérapolis en compagnie de Sainte Mariamne, pour affermir l’Eglise du Christ nouvellement rassemblée, puis ils se séparèrent. Sainte Mariamne partit pour la Lycaonie où elle émigra bientôt vers le Seigneur. Quant à Bartholomée, il partit pour l’Inde où il oeuvra assez longtemps, prêchant le Christ à travers villes et villages, et guérissant les malades. Ayant instruit des foules immenses et organisé des Eglises, il offrit aux indiens l’Evangile selon Saint Matthieu qu’il portait avec lui après l’avoir traduit dans leur langue. Il leur laissa également la version hébraïque qui fut rapportée cent ans plus tard à Alexandrie par le philosophe chrétien Pantine.
En quittant l’Inde, Saint Bartholomée se rendit en Grande Arménie. Lorsqu’il arriva dans ce pays, les démons qui habitaient les idoles se turent définitivement après avoir prophétisé à haute voix que Saint Bartholomée les ferait souffrir et les chasserait. A cette époque, l’Arménie était gouvernée par le roi Polymy dont la fille était possédée du démon. Le démon s’exprimait par la bouche de la jeune fille, disant : « Ô, Bartholomée ! D’ici aussi tu nous chasses ! ». Entendant cela, le roi fit rechercher aussitôt cet inconnu. Quand le Saint Apôtre se présenta, la jeune fille fut guérie sur-le-champ. En signe de remerciement, le roi envoya des chameaux chargés d’or, d’argent, de perles, et autres objets précieux. Mais le « pauvre en esprit » ne voulut rien accepter, et il retourna les présents avec le message suivant : « Je ne cherche pas à faire une telle acquisition ! Je paraîtrai grand devant mon Seigneur si je parviens à faire entrer au ciel ceux que je trouve ! » Le roi fut attendri par ces paroles, crut au Christ avec toute sa maison, et fut baptisé par le Saint Apôtre, avec la reine, sa fille récemment guérie, de nombreux dignitaires et beaucoup de gens de modeste condition . A l’exemple du souverain, plus de dix villes reçurent le Saint Baptême.
Les sacrificateurs païens furent bien sûr très irrités de ces événements. Ils accusèrent le Saint Apôtre d’abattre leurs dieux et leurs temples, d’exterminer leurs cultes et leurs moyens de subsistance. S’approchant d’Astyaguis, le frère du roi, ils le convainquirent de faire périr l’Apôtre pour venger les dieux. Celui-ci chercha le moment opportun, s’empara du Saint, et le livra au martyre dans la ville d’Albanopolis, le faisant crucifier la tête en bas. Le Saint Apôtre se réjouit beaucoup de souffrir pour le Christ et, alors qu’il était pendu sur la croix, ne cessa pas de prêcher la Parole de Dieu. C’est ainsi qu’il put jusqu'à la fin affermir les fidèles, et inciter les incroyants à se détourner des ténèbres des démons pour courir vers la lumière du Christ. Comme le bourreau ne pouvait supporter ses discours, il lui fit arracher la peau. Mais le Saint Apôtre supportait ce supplice comme si c’était un autre qui souffrait, et ne cessait de bénir et de glorifier le Seigneur. Le bourreau fit finalement trancher la sainte tête, laissant sur la croix ce corps dont les pieds indiquaient si bien quelle direction ils allaient emprunter.
Ainsi s’endormit le Saint Apôtre Bartholomée, quittant les maux et les labeurs pour le lieu de repos exempt de douleur, pour la joie du Seigneur. Les fidèles qui assistaient au supplice décrochèrent le corps de la croix, et le déposèrent dans une chasse de plomb avec sa tête et sa peau. Cette chasse resta longtemps dans la ville d’Albanopolis en grande Arménie, où les reliques de l’Apôtre opérèrent de nombreuses guérisons miraculeuses qui eurent pour effet d’unir de nouveaux fidèles à l’Eglise du Christ.
Longtemps après, les idolâtres de ce pays, jaloux des miracles qui se produisaient devant le tombeau du saint, s’emparèrent de la chasse de plomb contenant les saintes reliques et la jetèrent à la mer. Mais elle flotta sur les flots comme une frêle nacelle, et vogua jusqu'à l’île de Lipari, au large de la Sicile. L’évêque du lieu, Agathon, eut la révélation de l’arrivée des reliques. Il partit en procession avec le clergé et le peuple vers le bord de mer. Tous s’étonnèrent de découvrir une chasse de plomb qui, loin de s’enfoncer dans les eaux, avait parcouru un si long trajet. Glorifiant Dieu, ils prirent la chasse et les reliques et la firent entrer à l’église en psalmodiant de joie.
Il est difficile de passer sous silence en racontant la vie de Saint Bartholomée de ce qui concerne la vie de Saint Joseph l’hymnographe. Ce saint avait reçu une part des reliques du Saint Apôtre, reliques qu’il apporta dans son monastère situé non loin de Constantinople. Il édifia pour l’occasion une église dédiée au Saint Apôtre. A cause de sa grande vénération, il fut souvent digne de voir en songe le Saint Apôtre Bartholomée. Il désirait ardemment parer la fête du saint de ses chants de louange, mais il n’osait pas, se demandant si cette œuvre plairait au Saint. Aussi pria-t-il avec zèle Dieu et Saint Bartholomée, pour que lui soient données d’en haut bénédiction, inspiration et sagesse, afin de pouvoir mener à bien cette tâche sainte. Il pria et jeûna pour cela pendant quarante jours, en versant beaucoup de larmes. La veille de la fête, le Saint Apôtre lui apparut à l’autel, habillé de blanc. Tirant le voile de l’autel, il appela Saint Joseph. Comme celui-ci s’approchait, le Saint Apôtre prit l’évangéliaire, le plaça sur sa poitrine et dit : « Que la droite du Dieu Tout-Puissant te bénisse et que coulent sur ta langue les eaux célestes de la sagesse ! Que ton cœur soit le siège de l’Esprit Saint et que tes chants apportent la douceur à l’univers ! ». Ayant dit cela, le Saint Apôtre Bartholomée devint invisible et Saint Joseph fut rempli d’une joie ineffable. Sentant en lui la grâce de la sagesse, il se prosterna de gratitude. A partir de ce moment-là, il composa des hymnes d’église, des chants, des canons, avec lesquels il para non seulement la fête du Saint Apôtre Bartholomée, mais aussi les fêtes de nombreux saints. Il honora surtout la Toute-Pure Mère de Dieu et le saint hiérarque Nicolas, et remplit l’Eglise de si beaux chants qu’on l’honora du surnom d’hymnographe. Glorifions pour cela notre Sauveur le Christ, adoré avec le Père et le Saint Esprit par toutes les créatures dans les siècles, amen !
Certains pensent que Saint Bartholomée est le Nathanaël que Philippe amena au Christ. Nathanaël serait ainsi son nom et Bartholomée son patronyme (fils de Tholmée). Le nom de Tholmée était ancien et fréquent chez les hébreux (Cf.Josué 15, 2 Samuel 3). Cette thèse s’appuie sur les arguments suivants : dans l’Evangile, il n’est nulle part mentionné que Bartholomée ait été appelé à devenir Apôtre, sauf si on le met à la place de Nathanaël . D’autre part, les trois évangélistes Matthieu, Marc et Luc, qui citent Bartholomée, ne citent pas Nathanaël, alors que l’évangéliste Jean, qui cite Nathanaël, ne cite pas Bartholomée. Saint Jean précise que Nathanaël secondait les Apôtres à la pêche et qu’il vit le Christ après la Résurrection.
D’autres pensent plutôt que Nathanaël doit être identifié à Simon le Zélote, ou encore qu’il fut l’un des soixante-douze disciples du Christ.
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