mercredi 26 novembre 2008

VIE DU SAINT APOTRE ANDRE LE PREMIER-APPELE


Saint André, premier appelé des apôtres du Christ, naquit dans la ville de Bethsaïde. Jonas, son père, était juif. Son frère n’était autre que Saint Pierre, le prince des apôtres. Dès l’enfance, André dédaigna l’agitation de ce monde, aussi préféra-t-il plus tard la virginité au mariage.
En ce temps-là, Jean (le saint précurseur et baptiste du Seigneur) prêchait le repentir près du Jourdain. André vint à l’entendre et décida de tout quitter pour marcher à sa suite et devenir son disciple. Plus tard, son maître lui désigna Jésus du doigt en disant « Voici l’Agneau de Dieu » ; aussi se sépara-t-il de lui pour suivre le Christ, en compagnie d’un autre de ses disciples (on dit que ce disciple était Saint Jean le Théologien, qui rapporte ces détails dans son Evangile).
La lecture des livres prophétiques montra clairement à Saint André que Jésus était vraiment Celui qui devait venir dans le monde. Peu après, André rencontra son frère Simon-Pierre et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie ! » Puis il le conduisit auprès de Jésus. Un autre jour, comme les deux frères pêchaient au lac de Tibériade, le Seigneur, qui passait par là, les appela : « Suivez-Moi, et Je vous ferai pêcheurs d’hommes ! » C’est à ce moment-là qu’André et son frère Pierre posèrent leurs filets pour suivre définitivement le Christ. André fut ainsi le premier à suivre le Seigneur Jésus-Christ pour devenir Son disciple, d’où son surnom de premier appelé.
Après la passion volontaire du Seigneur, Sa résurrection et Son ascension, Saint André reçut l’Esprit Saint, qui descendit sur les apôtres sous la forme de langues de feu. Les terres de mission furent distribuées, et le sort lui désigna la Bithynie, la Propontide, Chalcédoine et Byzance, la Thrace et la Macédoine, les rivages de la Mer Noire, la vallée du Danube, la Thessalie et la Grèce, l’Achaïe, Anisos, Trébizonde, Héraclée et Amastris.
Saint André traversa ces villes et ces contrées beaucoup moins vite que ne fusait sa parole. Il connut de nombreuses souffrances et maintes tribulations en prêchant le Christ. Mais, soutenu par l’aide toute-puissante du Seigneur, il supporta pour Lui tous ces malheurs avec joie. Il fut en particulier cruellement traité dans la ville de Sinope : on l’y traîna à terre par les bras et par les jambes, on le frappa à coups de gourdins, on le lapida, on lui brisa les doigts et les dents. Cependant, par la grâce de son Sauveur et Maître, il sortit indemne de ces tourments et put poursuivre son périple vers de nouvelles contrées : Néocésarée, Samosate, Alania, Avasgia, Zicheia, et la région du Bosphore. Par la suite, il s’embarqua pour la Thrace et la petite ville de Byzance, où il fut le premier à prêcher le Christ. Il enseigna des foules nombreuses, institua des presbytres, et nomma Stachys (dont parle Saint Paul dans l’épître aux romains) premier évêque de Byzance.
Après Byzance, Saint André endura les maux du labeur apostolique en prêchant le Christ dans la région du Pont et de la Mer Noire, en Scythie et en Chersonèse. Poussé par la providence, il remonta le Dniepr à travers la Russie jusqu’aux collines de Kiev, où il s’arrêta pour passer la nuit. Au matin, comme il s’éveillait, il dit à ses disciples : « Voyez-vous ces monts ? Croyez-moi, la grâce de Dieu resplendira sur eux ! Il y aura ici une grande ville. Dieu veut y édifier de nombreuses églises et illuminer ces terres par le saint baptême ! » Il fit l’ascension des collines, les bénit, et planta une croix, annonçant la future conversion du peuple russe par l’entremise du trône apostolique de Byzance. Il traversa ensuite d’autres lieux plus au nord, et parvint même à l’emplacement du futur Novgorod-le-Grand.
Plus tard, il se rendit à Rome, en Epire et en Thrace, où il affermit les chrétiens, nommant évêques et docteurs.
Après avoir instruit de nombreuses contrées, Saint André partit pour le Péloponnèse, et se rendit à Patras en Achaïe. Il s’installa chez un dénommé Sokiès, qui était alité et gravement malade. Il le guérit, et toute la ville se convertit au Christ. Saint André libéra également des liens cruels de la maladie Maximilla, la femme du proconsul, qui crut au Christ avec le sage Stratoklès, son beau-frère. Et l’apôtre guérit encore beaucoup d’autres malades en leur imposant les mains. Quand le proconsul Egéatus rentra de voyage, il apprit toutes ces conversions, laissa éclater sa fureur, et fit mettre Saint André en croix. Le récit des souffrances du saint apôtre, composé par les presbytres et les diacres de la terre d’Achaïe, est parvenu jusqu’à nous. Ecoutons-le !
Pour témoigner des souffrances du saint apôtre André, que nous avons vues de nos yeux, nous les presbytres et les diacres de l’Eglise d’Achaïe, nous avons résolu d’écrire à toutes les Eglises d’Orient et d’Occident, du nord et du midi, établies au nom du Christ. Paix à vous, et à tous ceux qui croient au seul Dieu, parfait et trine, vrai Père éternel du vrai Fils engendré, vrai Esprit Saint procédant du Père et reposant sur le Fils ! Nous avons été initiés à la foi par Saint André, apôtre de Jésus-Christ, et, selon nos moyens, nous rapporterons ici ses souffrances, auxquelles nous avons assisté, que nous avons vues de nos yeux.
Dès son retour dans la ville de Patras, le proconsul Egéatus voulut contraindre les chrétiens à sacrifier aux idoles. Comme Saint André passait par chez lui, il lui dit :
-Ô, toi qui juges les hommes ! Il serait bon que tu connaisses ton propre Juge, qui siège dans les cieux, et que tu L’adores à ton tour ! Quand tu auras adoré le vrai Dieu, tu te détourneras de ceux qui ne sont pas des dieux !
-Serais-tu cet André qui détruit les temples des dieux, et conseille au peuple cette nouvelle foi magique, que les empereurs de Rome ordonnent de détruire ?
-Les empereurs de Rome ignorent comment le Fils de Dieu est venu dans le monde pour le salut des hommes, et comment Il a clairement démontré que les idoles ne sont pas des dieux, mais des démons impies et hostiles au genre humain. Ces démons incitent les hommes à fâcher Dieu, pour qu’Il se détourne et cesse de les écouter. Et lorsque Dieu, irrité, se détourne des hommes, les démons les séduisent et les leurrent à loisir, afin qu’une fois leur corps déposé, ils ne puissent emporter rien d’autre avec eux que leurs péchés !
-Lorsque votre Jésus a prêché ces paroles de bonne femme, les juifs L’ont cloué sur la croix !
-Si seulement tu voulais connaître le mystère de la croix... Par amour pour nous, le Créateur du genre humain a souffert sur la croix, non pas sous la contrainte, mais de Sa propre volonté ! J’en suis moi-même témoin. Il a prédit devant nous Sa passion et Sa résurrection au troisième jour. Alors qu’Il était assis avec nous pour le dernier repas, Il a désigné le traître, parlant du futur aussi clairement qu’on évoque le passé. Puis Il s’est rendu volontairement sur les lieux de la trahison, afin de tomber entre les mains des juifs.
-Je suis étonné qu’un sage puisse suivre quelqu’un qui accepte la crucifixion, volontairement ou non !
-Grand est le mystère de la croix ! Veux-tu l’entendre ? Je te l’exposerai !
-Ce n’est pas un mystère, mais un châtiment de criminel !
-Ce châtiment cache le renouvellement du genre humain. Mais daigne seulement m’écouter !
-Je t’écouterai patiemment, mais tu subiras toi aussi le « mystère » de la croix, si tu ne fais pas ce que j’ordonne !
-Si je craignais le châtiment, je n’aurais jamais glorifié la croix !
-C’est par folie que tu loues la croix, et par insolence que tu ne crains pas la mort !
-Je ne crains pas la mort, non par insolence, mais à cause de ma foi. Précieuse est la mort des saints, et funeste celle des pécheurs... Mais écoute donc le mystère de la croix ! Après avoir entendu la vérité, tu trouveras la foi. Et avec elle, tu pourras recouvrer ton âme.
-On recouvre ce qu’on a perdu. Mon âme est-elle perdue, que tu m’incites à la recouvrer par je ne sais quelle foi ?
-C’est ce qu’il te faut apprendre ! Je m’en vais t’entretenir de la perdition des âmes humaines, afin que tu saches comment le salut fut accompli par la croix !
Le premier homme a laissé entrer la mort par l’arbre de la transgression : il convenait donc au genre humain de l’extirper par l’arbre des souffrances. Le premier homme fut créé d’une terre pure : il convenait donc au Christ, Homme parfait, Fils de Dieu, et Créateur du premier homme, de naître d’une Vierge pure. Il Lui incombait de restituer à l’humanité la vie éternelle, en repoussant l’arbre de la convoitise par l’arbre de la croix. Le premier homme pécha en tendant les mains vers la doucereuse nourriture de l’arbre interdit : il fallait donc que le Fils de Dieu étendît sur la croix Ses mains innocentes de toute intempérance, et goûtât l’amertume du fiel. Ainsi, Il assuma notre mort pour nous faire don de Son immortalité.
-Tiens donc de tels discours à ceux qui t’obéissent ! Mais puisque tu n’obéis pas à mes ordres, puisque tu refuses de sacrifier aux dieux, je m’en vais te faire donner le bâton, et te crucifier sur cette croix que tu glorifies !
-J’offre chaque jour au seul vrai Dieu, au Dieu Tout-Puissant, non pas la fumée de l’encens, non pas la viande des boeufs et le sang des boucs, mais l’Agneau innocent qui S’est sacrifié sur l’autel de la croix. Les fidèles communient à Son corps très pur et boivent Son sang très précieux. Cet Agneau reste intact et vivant, bien qu’Il se soit vraiment offert en sacrifice. Tous mangent vraiment Son corps, et tous boivent vraiment Son sang, et, comme je l’ai dit, Il demeure intact, vivant et sans tâche.
-Comment cela se peut-il être ?
-Si tu veux le savoir, deviens un disciple, et tu l’apprendras !
-Tu m’enseigneras cela par tes souffrances !
-Je m’étonne qu’un sage puisse dire des choses insensées. Comment des supplices pourraient-ils révéler les mystères de Dieu ? Tu viens d’entendre parler des mystères de la croix et du sacrifice : si tu crois au Christ, Fils de Dieu, crucifié par les juifs et seul vrai Dieu, je te dévoilerai comment, bien que mis à mort, Il vit, comment, bien qu’immolé et mangé, Il demeure intact dans Son royaume.
-S’Il est immolé et mangé par les hommes, comme tu le dis, comment peut-Il rester vivant et intact ?
-Si tu crois de tout ton coeur, tu pourras connaître ce mystère. Sinon, tu ne le connaîtras jamais !
Irrité, Egéatus fit jeter l’apôtre en prison. Une foule nombreuse se rassembla aussitôt de tous les coins de la contrée pour tuer le proconsul et faire sortir Saint André de sa cellule. Mais le saint apôtre leur interdit d’agir ainsi, disant : « N’échangez pas la paix de notre Seigneur Jésus-Christ contre une agitation diabolique ! Quand notre Seigneur fut condamné à mort, Il montra de la patience, Il ne contredit pas, Il ne cria pas, Sa voix ne résonna pas à la croisée des chemins. Taisez-vous donc, vous aussi, et gardez la paix ! Non seulement il ne convient pas que vous vous opposiez à mon supplice, mais il faut que vous vous prépariez vous-mêmes, comme de bons soldats du Christ, à supporter patiemment les menaces, et à subir les coups et le martyre. Une seule peur est redoutable : celle qui n’a pas de fin. Les menaces terrifiantes des hommes ne sont que fumées. Elles disparaissent rapidement. Redoutons les souffrances sans fin ! Les douleurs temporelles sont brèves, aisément supportables. Quand elles durent, elles deviennent si grandes qu’elles chassent l’âme du corps. Mais les maux éternels sont cruels. Ils s’accompagnent des sanglots et des pleurs incessants qu’Egéatus ne craint pas. Préparez-vous aux tribulations temporelles ! Elles préparent la joie éternelle, les réjouissances, et un règne florissant et sans fin avec le Christ ! »
Saint André instruisit ainsi les gens toute la nuit. Au matin, le proconsul Egéatus s’assit au tribunal et fit mander l’apôtre :
-As-tu réfléchi, vas-tu renoncer à cette folie et cesser de prêcher le Christ ? Ne veux-tu donc pas te réjouir avec nous dans cette vie ? Quelle folie de courir volontairement au devant des souffrances !
-Je me réjouirai avec toi quand tu croiras au Christ et rejetteras les idoles. Le Christ m’a envoyé dans ce pays et je Lui ai déjà acquis beaucoup de gens...
-C’est bien pour cela que je t’oblige à sacrifier ! Puissent ceux que tu as leurrés abandonner la vanité de ton enseignement, et offrir aux dieux d’agréables libations ! Il n’y a plus une ville en Achaïe où les temples des dieux ne se soient pas vides ! Les dieux doivent maintenant retrouver par toi leur dignité ! Tu les as courroucés, tu dois les apaiser ! Ainsi nous resterons amis. Sinon, tu paieras le déshonneur des dieux par les supplices et tu seras pendu sur cette croix que tu glorifies !
-Ecoute, fils de la mort ! Ecoute, paille destinée au feu éternel ! Ecoute donc le serviteur du Seigneur et l’apôtre de Jésus-Christ ! Jusqu’ici, je t’ai parlé avec douceur, car je voulais t’enseigner la sainte foi, je voulais que tu comprennes la vérité comme un homme raisonnable, je voulais que tu rejettes les idoles pour adorer le Dieu qui vit dans les cieux. Mais puisque tu t’obstines dans ton effronterie, puisque tu crois que je crains les supplices, invente donc pour moi ce qu’il y a de plus pénible ! Mon union avec le Roi sera d’autant plus agréable qu’auront été pénibles les tortures !
A ces mots, Egéatus fit étendre l’apôtre sur le sol. Sept groupes de trois hommes se relayèrent pour le frapper. Puis on le présenta de nouveau au juge :
-Ecoute-moi, André, ne verse pas ton sang en vain ! Si tu n’entends pas raison, je te crucifierai !
-L’esclave de la croix du Christ ne désire plus que la mort sur la croix ! Toi, tu peux encore éviter la mort éternelle : il te suffit de croire au Christ en éprouvant ma patience. Ta perte m’attriste davantage que les souffrances, qui prendront fin dans un jour ou deux. Mais les tiennes ne cesseront jamais, même après mille ans ! Ne multiplie pas les douleurs, n’allume pas pour toi-même le feu éternel !
Au comble de la fureur, Egéatus ordonna la crucifixion. Il ne fit pas clouer, mais attacher les mains et les pieds de l’apôtre, afin d’accroître les souffrances et de retarder la mort.
Comme les serviteurs du tyran escortaient leur victime, la foule se rassemblait en demandant à grands cris en quoi cet homme juste et ami de Dieu pouvait bien être coupable, et pour quel motif on le conduisait à la croix. Mais André priait le peuple de ne pas s’opposer à ses souffrances. Il marchait avec joie sans cesser d’enseigner. Quand il fut en vue du lieu du supplice, il aperçut la croix et s’écria à voix haute : « Réjouis-toi, croix sanctifiée par la chair du Christ, ornée par Ses membres comme par des perles ! Avant que le Seigneur n’ait été pendu sur toi, tu étais terrible aux yeux des hommes. A présent, tu es aimable et désirable ! Les fidèles savent quelle joie tu renfermes, à quelle rétribution tu prépares. Je m’approche de toi avec joie et audace, reçois-moi dans l’allégresse ! Je suis disciple de Celui qui fut pendu sur toi ! Reçois celui qui t’a toujours aimée, qui a toujours voulu t’embrasser ! Ô, croix si bonne ! Tu as acquis des membres mêmes du Seigneur ta notoriété et ta beauté ! Depuis longtemps je te désire, je t’aime avec ferveur, je te cherche en permanence, et voici que je te trouve prête à assouvir le désir de mon coeur ! Arrache-moi aux hommes pour me rendre à mon Maître ! Qu’Il me prenne donc, puisque c’est par toi qu’Il m’a racheté ! »
Ayant prononcé ces paroles, l’apôtre ôta ses vêtements, et les confia à ses bourreaux. On lia ses mains et ses pieds par des cordes, et on le pendit à la croix. Quelques vingt mille personnes assistaient à la scène, criant à l’injustice. Parmi elles, Stratoklès, le propre frère d’Egéatus. Mais Saint André affermissait les croyants et les incitait à supporter avec patience les souffrances temporelles, qui sont sans comparaison avec la rétribution à venir.
Bien plus tard, le peuple se dirigea vers la maison d’Egéatus en criant : « Un maître saint, digne, doux, et sage, ne doit pas souffrir ainsi ! Qu’on le descende de la croix ! Voilà déjà deux jours qu’il est pendu sans cesser d’enseigner la vérité ! » Egéatus craignit la foule. Il partit sur-le-champ libérer André. Quand il le vit arriver, celui-ci lui dit :
-Pourquoi es-tu venu, Egéatus ? Si c’est pour croire au Christ, la porte de la grâce s’ouvrira devant toi, comme je te l’ai promis ! Mais si tu es seulement venu me délier, sache que je refuse qu’il en soit ainsi, tant que je serai vivant ! Je ne veux pas descendre de la croix ! Je vois déjà mon Roi, je L’adore déjà, je me tiens devant Lui ! Et je m’attriste pour toi car la perdition éternelle t’attend ! Préoccupe-toi de toi-même tant qu’il en est encore temps, afin de ne pas le regretter quand ce sera trop tard !
Les serviteurs du tyran tentèrent de détacher l’apôtre, mais ils ne le purent, car leurs mains s’engourdissaient. Saint André dit alors d’une voix forte : « Seigneur Jésus-Christ, ne permets pas que je sois détaché de la croix ! J’y suis pendu pour ton Nom ! Reçois-moi, ô mon Maître ! Je T’aime, je Te connais, je Te confesse, je désire Te voir, et je T’appartiens ! Seigneur Jésus-Christ, reçois mon esprit dans la paix, il est temps pour moi de venir près de Toi et de Te voir, Toi l’objet de mon désir ! Reçois-moi, bon Maître, ne permets pas que je sois détaché de la croix avant de T’avoir rendu mon esprit ! » Comme il disait cela, une lueur vive comme l’éclair illumina le ciel et vint l’envelopper, de sorte que plus personne ne pouvait le fixer du regard. Elle demeura une demi-heure autour de lui, puis déclina. Quand elle se fut estompée, le saint apôtre avait rendu son âme au Seigneur.
Ce fut Maximilla, la sainte et chaste femme du proconsul, qui, dès qu’elle eut appris la mort de l’apôtre, décrocha son corps avec révérence, l’oignit de précieux aromates et le coucha dans un tombeau qu’elle destinait à sa propre sépulture. Egéatus, courroucé contre le peuple, méditait sa vengeance, se préparant à calomnier Maximilla devant l’empereur. Pendant qu’il ruminait de noires pensées, le démon fondit sur lui et le battit à mort au beau milieu de la ville. Quand il l’apprit, son frère Sratoklès qui croyait au Christ ordonna de l’inhumer, mais ne réclama aucun de ses biens. Il ajouta même : « Ne permets pas, mon Seigneur Jésus-Christ, que j’aie à toucher quoi que ce soit des biens de mon frère, afin que je ne sois pas souillé par ses péchés ! Comment a-t-il a osé tuer Ton apôtre qui aimait les vrais biens ! »
Tout ceci arriva le dernier jour de novembre en Achaïe, dans la ville de Patras, où, par les prières de l’apôtre, de nombreux bienfaits sont accordés au peuple jusqu’à aujourd’hui. Tous furent saisis de crainte devant les événements, et crurent à notre Dieu et Sauveur, qui veut que tous soient sauvés et parviennent à la connaissance de la Vérité. A Lui, gloire dans les siècles des siècles ! Amen.
Ainsi prend fin le récit composé par les presbytres et les diacres d’Achaïe. Bien des années plus tard, les reliques du saint apôtre André furent transportées à Constantinople par le saint martyr Artémios, sur l’ordre de Saint Constantin le Grand. Elles furent déposées à l’autel, dans la lumineuse église des Saints-Apôtres, aux côtés du saint apôtre et évangéliste Luc et du saint apôtre Timothée, disciple de Saint Paul.

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