dimanche 23 novembre 2008

HISTOIRE DE L'ICONE DE LA MERE DE DIEU DITE: D'IVIRON OU PORTAÏTISSA.


Pendant la période iconoclaste, cette sainte icône apartenait à une pieuse veuve qui vivait avec son fils unique près de la ville de Nicée en Asie Mineure. Cette veuve pieuse qui vénérait profondément la sainte icône, la gardait dans l’église aménagée près de sa maison.
L’Empereur iconoclaste Théophile avait dépêché partout ses émissaires pour détruire les saintes icônes, et ils vinrent aussi à Nicée chez la pieuse veuve. Cette dernière réussit à faire patienter les soldats jusqu’au matin, leur promettant une grosse somme d’argent. En effet, elle passa toute la nuit en priant la Reine des Cieux de protéger son fils et l’icône ; elle porta ensuite l’icône avec son fils au bord de la mer et l’y jeta , la confiant à la Providence et à la Très Sainte Mère de Dieu.
C’est avec joie qu’elle vit l’icône se tenir debout sur la surface des flots au lieu de tomber à plat comme on pouvait s’y attendre. L’icône se dressa donc d’abord face à la rive et ensuite, glissant sur les vagues, elle s’éloigna vers l’ouest, échappant au regard de la veuve. Réconfortée par cette vision, la veuve bénit Dieu et rendit grâce à la Toute Sainte. Ceci se passait vers la moitié du IXème siècle.
Un siècle plus tard, vers 980, les moines du monastère georgien Iviron sur la rive ouest de la péninsule du Mont Athos, virent une étrange manifestation. Une colonne de feu se dressait de la mer jusqu’au ciel devant le monastère ; entre les vagues et la colonne se trouvait une icône. L’agitation fut grande chez les moines. Ils tentèrent d’approcher l’icône en bateau au son des prières et des chants mais à chaque tentative, elle s’éloignait d’eux. Une fois retournés à la rive, l’icône s’approchait à nouveau. Le trouble était grand car aucune prière n’y faisait, plusieurs jours et plusieurs nuits durant.
A cette époque, un ascète georgien, Gabriel, homme purifié par la prière et la grâce et qui vivait reclus dans une grotte au-dessus du monastère, eut une vision : La Très Sainte Mère de Dieu lui apparut en songe et Elle lui ordonna d’annoncer à l’higoumène son intention de donner son icône comme aide et protection à la communauté. Gabriel devait s’approcher sans crainte sur les flots pour prendre l’icône. Cette nuit même en présence de tous les moines restés à chanter sur la rive avec des banières et des encensoirs, Gabriel monta dans une barque, navigua jusqu’à l’icône et, ô miracle, le voilà marchant sur les flots comme jadis le chef des Apôtres Pierre, allant à la rencontre du Christ. Il prit l’icône dans ses mains et la porta lui-même au monastère où on célébra pendant trois jours et trois nuits les offices d’action de grâce.
Plusieurs siècles passèrent et l’icône restait objet de vénération des moines dans l’église centrale du monastère appelée Catholicon.
Vers le XVème siècle, lors de la prise de Constantinople par les Ottomans, il y eut des incursions de Turcs au Mont Athos où ces derniers se sont livrés au pillage des monastères et même plusieurs moines ont été massacrés par eux.
Dans le monastère d’Iviron, des événements prodigieux eurent lieu. L’icône de la Mère de Dieu disparut. On la chercha partout sans la trouver bien qu’elle fût une icône de grande dimension. Finalement, on s’aperçut qu’elle se trouvait sur le mur au-dessus de la porte d’entrée du monastère. Chose étrange ! On la transporta de nouveau dans l’église, mais le même fait se reproduisit le lendemain et le jour suivant. La Mère de Dieu apparut finalement à l’higoumène et lui dit : « Annonce à la communauté que mon icône doit rester près des portes. Je ne veux pas être gardée mais c’est Moi qui vous garderai non seulement dans cette vie mais dans l’autre... Tant que mon icône sera dans votre monastère, ma miséricorde et ma grâce ne tariront pas ». (C’est pourquoi l’icône a été appelée depuis la Portaïtissa, celle qui garde la porte).
A ce moment-là, un groupe de Turcs vinrent pour piller le monastère. Arrivant aux portes, qui étaient évidemment closes, l’un d’eux, mû par un esprit malin, prit sa lance et l’envoya sur le visage de la Mère de Dieu. La lance toucha le cou de la Vierge et aussitôt, une plaie se vit sur le cou et du sang s’écoula en abondance. A la vue de ce miracle, les Turcs paniquèrent et prirent la fuite. Seul, celui qui a commis le crime resta sur place comme mort. Au petit matin, les moines ouvrirent les portes du monastères et trouvèrent ce Turc à terre, presque sans souffle. On l’amena à l’intérieur où l’on prit soin de lui. Lorsqu’il fut revenu à lui, il demanda pardon à l’higoumène pour le crime qu’il commit et voulut se faire baptiser. On le baptisa et on lui donna le nom de Gabriel. Mais toute sa vie il refusa d’être appelé Gabriel et il demanda à être appelé Barbaros (barbare en français) ; il porta toute sa vie la pénitence, ce qui lui valut d’être compté parmi les saints. Il est vénéré sous le nom de Barbaros et ses reliques se trouvent au monastère du Mont des cellules.
Un autre miracle accompli par l’icône enseigna aux moines du monastère la nécessité fondamentale d’être toujours hospitalier.
Au XVIIème siècle, un pèlerin affamé vint et sonna à la porte du monastère. Le frère portier lui ouvrit pour savoir ce qu’il voulait :
« J’ai très faim, est-ce que je peux avoir un peu de pain?
-As-tu de l’argent ?, lui demanda le moine !.
-Non, je n’en ai pas ! répliqua le pèlerin.
-Alors pas de pain ! » Et il referma la porte du monastère.
Fatigué et tout triste, le pélerin s’assit sous un arbre en se lamentant sur son sort. Mais soudain il vit une dame de bon augure, portant un enfant dans ses bras, et qui lui demanda :
« Que veux-tu, pourquoi es-tu si triste ?
-Ô Madame! J’ai faim et je n’ai même pas d’argent pour m’acheter un pain.
-Prends cette pièce, et va acheter du pain. » Et elle lui tendit une merveilleuse pièce en or.
Tout joyeux, le pélerin s’en alla frapper à nouveau à la porte du monastère et le frère portier lui ouvrit :
« Alors, te voilà revenu !
-Oui, et cette fois j’ai de quoi payer ! » Et, il lui tendit la pièce d’or.
-Etonné, le moine prit la pièce et la regarda, elle valait trop cher mais cette pièce ne lui semblait pas étrange. Il se souvint que sur l’icône de la Mère de Dieu à l’église, il y en avait une semblable, don d’un grand prince. Pour se rassurer il entra à l’église et, surprise ! la pièce manquait sur l’icône. Il sonna alors les cloches, et tous les moines se rassemblèrent avec leur higoumène. On questionna le pèlerin qui leur assura que c’était une dame portant un enfant dans ses bras qui la lui a donnée. On l’amena à l’église où il put reconnaître en effet la dame et l’enfant sur l’icône. Et depuis ce temps-là, jamais on n’a refusé de secourir quelqu’un qui était dans la nécessité.
Par sa sainte icône, la Mère de Dieu accomplit un grand nombre de miracles qu’il est impossible de citer ici. Nous n’en évoquons qu’un seul, important pour le Mont Athos. En ce lieu, survenaient fréquemment des famines, mais avec l’aide de Dieu et de Sa Très Sainte Mère, tout s’arrangeait pour le mieux. En 1854, la famine fut si grande que les moines fuyaient la mort. Sur les quarante mille moines de la Sainte Montagne, seuls mille restèrent et encore, en hésitant beaucoup. Alors, la Reine des Cieux apparut à des ermites et leur dit : « De quoi avez-vous peur ? Bientôt tout sera terminé et la montagne se remplira à nouveau de moines. Tant que mon icône sera dans le monastère d’Iviron, ne craignez rien et restez dans vos cellules. Mais lorsque je sortirai du monastère, que chacun prenne son sac et parte où il pourra ».
On fit plusieurs copies de cette icône qui à leur tour se révélèrent miraculeuses, telle celle qu’on fit pour un empereur russe dont la fille était paralysée. Quand la fille entendit que l’icône arrivait du Mont Athos, elle se releva guérie. En réponse à cela, le Tsar lui offrit un habillement magnifique en or qui la couvre jusqu’à maintenant.Qu’à travers son icône , la Mère de Dieu nous protège tous. Amen. Récits recueillis sur place d’après les témoignages des frères du monastère d’Iviron (Mont Athos).

Aucun commentaire: