dimanche 16 novembre 2008

CONSEIL DE ST BARSANUPHE DE GAZA A UN ANACHORETE





1)Un frère interrogea Abba Barsanuphe sur diverses pensées qu’il a entendues auprès de gens non affermis dans la foi droite.

Réponse de Barsanuphe :

Frère, je t’ai déjà écrit que c’est le diable qui a semé en toi cette préoccupation inopportune. Ce qui est de raison pour toi, c’est de pleurer et de porter le deuil de tes péchés. Tu veux être renseigné sur la résurrection. Si tu crois aux Prophètes, Dieu nous a montré par le Prophète Ezéchiel comment se fera la résurrection : de la façon dont se sont assemblés os à os, jointure à jointure, avec les veines, la peau et les nerfs (Ez.37,7-8); ainsi ont-ils ressuscité. Et l’Apôtre, sachant que nous ressusciterons dans ces corps a enseigné: « Il faut en effet que ce corps corruptible revête l’incorruptibilité, et le mortel l’immortalité » (1Cor.15,53) . Ne t’égare pas, les corps ressusciteront avec des os, des nerfs, et des cheveux, et demeureront ainsi à jamais, plus lumineux cependant et plus glorieux, selon cette parole du Seigneur : « Alors les justes brilleront comme le soleil dans le Royaume des cieux »(Mt.13,43). Il accordera la gloire aux corps : ainsi qu’il en arrive, par exemple, à un simple villageois entré au service de l’empereur qui le fait général, il en est couvert de gloire. N’est-ce pas cependant le même homme? Son corps a-t-il changé? ou comme il en advient d’un diacre, consacré d’un seul coup évêque; il s’en trouve sur-le-champ glorifié. De même ici. Comment cela? Lorsqu’ils sont actuellement dans leur corps, les hommes ne sont-ils pas porteurs de Dieu? Comment Moïse a-t-il vu le Seigneur, et même avant lui, Abraham et Jacob, Etienne dans les Actes, et d’autres encore? Etaient-ils sans corps? Ainsi en sera-t-il à la résurrection, ce seront les mêmes corps, mais incorruptibles, immortels et glorieux. C’est pourquoi l’Apôtre dit du corps humain : « On sème dans l’ignominie, on ressuscite dans la gloire; on sème un corps psychique, il ressuscite un corps spirituel » (1Co.15,43).
Il dit cela, parce que beaucoup de Saints ne sont pas illustres parmi les hommes, mais bien plutôt vils à leurs yeux. Et lorsqu’ils recevront là haut la gloire comme une consécration, il apparaîtra à tous qu’ils sont spirituels. C’est pourquoi il dit : « On sème un corps psychique », parmi les hommes, « Il ressuscite un corps spirituel », glorieux, et tous seront dans l’admiration. Et si l’Apôtre parle de celui « qui transformera notre corps de misère en un corps semblable à son corps de gloire », c’est parce qu’Il les rendra resplendissants comme son propre corps ainsi que le dit l’Apôtre Jean : « Lors de cette manifestation, nous lui serons semblables » (1Jn.3,2). Car le Fils de Dieu est lumière et les «fils de Dieu » eux-mêmes sont, d’après l’Apôtre, « fils de lumière » (Ep.5,8-1Th.5,5). C’est en ce sens qu’il dit qu’« Il transformera ».
Humilie-toi donc devant Dieu, pleurant tes péchés et portant le deuil de tes passions. Fais attention à toi désormais et Dieu te pardonnera.

2) Un pieux laïc, qui était très mortifié et soucieux de son âme, fit demander au même vieillard : Que convient-il de faire? Ce qui semble bon à soi-même, ou bien faut-il agir en interrogeant les Pères?
Réponse :
Si quelqu’un a l’idée de faire quelque chose de bon de lui-même et non en interrogeant les Pères, il est hors la loi et ne fait rien de légitime. Celui au contraire qui le fait en interrogeant, celui-là accomplit la Loi et les Prophètes. Car c’est un signe d’humilité d’interroger. Et celui-là est l’imitateur du Christ qui s’est humilié jusqu’à se faire esclave. On dit en effet qu’un homme sans conseiller est son propre ennemi. Il est dit aussi : « Fais tout avec conseil » (Pr.24,72). Et Jean Colobos disait : « Si tu vois un jeune homme monter au ciel par sa propre volonté, attrape-lui le pied et fais-le descendre ». Il convient donc d’interroger en toute humilité plutôt que de marcher par sa volonté propre. C’est en effet Dieu qui met dans la bouche de celui qu’on interroge les paroles à dire, à cause de l’humilité de coeur et de la droiture de celui qui interroge.

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(Tiré du livre de la Correspondance de Barsanuphe et Jean de GAZA - SOLESMES)

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